Chapitre 42

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Nino et sa famille habitaient dans la maison qui jouxtait l'hôtel. Ainsi, dès que nous nous sommes installés, Maria a insisté pour nous servir un bon dîner chez son fils, ce que nous avons accepté avec joie. Notre dernier repas se résumait à un maigre sandwich acheté à l'aéroport, neuf heures plus tôt. Et lorsque Dina, sa belle-fille, a apporté sur la table de la terrasse un grand plat de cannellonis fumants, j'aurais pu me jeter dessus.

– Alors Tina, m'a questionné Maria en me servant une part généreuse. Qu'est-ce que tu fais dans la vie ? La dernière fois que j'ai parlé à Gisella, tu ne devais pas avoir plus de sept ans !

– Je suis photographe, ai-je expliqué.

– Fascinant ! C'est pour ça que tu étais en Europe ?

– Exactement, je travaillais pour...

J'ai jeté un coup d'œil à Louis qui nous jetait des petits coups d'œil sans comprendre un mot de notre conversation. Et pourtant, pour une fois, ne pas être au centre de l'attention ne semblait pas le déranger. Il piquait ses cannellonis d'un air détendu et observant le petit-fils de Maria crapahuter à quatre pattes autour de la table. Sans trop savoir pourquoi, ce sourire serin sur son visage m'a détendu.

– ... un magazine People anglais.

– Ce doit être un métier passionnant ! a commenté Dina. Tu as dû rencontrer des célébrités !

– Quelques-unes... ai-je éludé en me retenant de rire.

Si tu savais que tu es assise à côté d'une des plus grandes célébrités de la pop...

– Et Louis ? a demandé Maria. Qu'est-ce que tu fais ?

Le concerné a relevé la tête à l'entente de son prénom. Comprenant qu'il ne parlait pas italien, Dina s'est tourné vers moi directement, le regard intrigué :

– Est-ce qu'il ne serait pas acteur ? Son visage me dit quelque chose, je l'ai peut-être vu à...

– Absolument pas, l'ai-je coupé subitement. Il est professeur d'anglais dans un lycée de Londres. Et excusez-le, il ne parle pas italien.

Toujours plus surpris, Louis a froncé les sourcils. Je l'ai rassuré d'un sourire avant de lui expliquer :

– Je leur ai dit que tu es professeur d'anglais.

Amusé de mon mensonge, Louis a d'abord eu un rictus avant de comprendre la raison de ma ruse. Il avait besoin de vacances. Et des vacances, ça ne signifiait pas simplement quelques jours au bord de la mer. Il avait besoin de s'éloigner de sa propre image pour se retrouver lui-même. Retrouver l'homme derrière la star. Reconnaissant, il m'a remercié d'un petit hochement de tête entendu.

Le repas s'est déroulé dans la meilleure des ambiances. Toute la petite famille s'est présentée et a cherché à me connaître davantage, sans pour autant poser de questions sur ma mère. J'étais déjà épuisée par les nombreuses rencontres que j'avais fait un peu plus tôt, je ne voulais pas revenir sur ce sujet pour le moment et Maria l'avait bien compris. Sa douceur et sa sagesse ne me laissait aucun doute : c'était bien la Maria qu'avait connu ma mère. Je les imaginais parfaitement petites filles courir dans les près pour ramener les chèvres des parents de Maria. Mais je les imaginais aussi ici, à parler de leur vie de mère et de grand-mère, en sirotant un petit café face à la mer. Et secrètement, je regrettais qu'elle n'ait pas eu la chance de revenir à Litrano, pour revoir son amie une dernière fois.

*    *    *

Nino nous a raccompagné à l'hôtel sous un ciel étoilé magnifique. Au milieu de ce village endormi et silencieux, l'atmosphère était si magique que je me serai crue dans un conte.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant