Chapitre 35

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C'était la dernière répétition. Pour le dernier concert. La dernière fois que les One Direction monteraient sur scène, avant leur prochaine tournée. La dernière fois, aussi, que j'aurais la chance de les photographier dans cette situation à la fois infernale et merveilleuse.

J'essayais tant bien que mal de ne pas penser à toutes les dernières fois qui concernaient Louis, mais c'était plus fort que moi. La dernière fois que je l'entendrais chanter. La dernière fois que je le verrai sourire de cette façon. La dernière fois que je pourrais l'admirer secrètement derrière mon objectif... Pour tenter d'oublier, j'ai redoublé de concentration : si c'étaient mes dernières photos, elles devaient être impeccables. Je me suis reculée de quelques rangée dans les gradins et j'ai changé d'optique pour mon 70-200mm. Lors des répétitions, j'avais accès à des points de vue inatteignables lors des concerts et celui-ci me plaisait : tout en haut des marches, il donnait une vue en plongée sur le groupe, comme si je les espionnais secrètement.

Rien qu'à les voir s'exercer, il n'y avait pas de doute sur l'affliction qui les pesait. L'idée de l'ultime concert les rendait moroses. Niall ne grattait plus une guitare imaginaire, Zayn a passé la moitié de la matinée assis, à faire le minimum syndical, Harry et Liam ne se chamaillaient pas à l'arrière de la scène. Les voir ainsi abattus me faisait de la peine, et plus encore puisque je partageais la même tristesse, en secret.

Seul Louis semblait encore plein d'énergie.

Louis. Encore Louis. Toujours Louis.

J'ai retrouvé un semblant de sourire lorsqu'il m'a lancé un clin d'œil discret en chantant le refrain de Save You Tonight ; notre chanson, en quelques sortes. Celle qui m'avait fait ouvrir les yeux sur Chris.

Lors de sa partie, Louis s'est tourné vers moi, fredonnant une fois de plus qu'il m'emmènerait avec lui, haut et loin. Avec la distance, il n'a pas remarqué que je ne pouvais plus le regarder dans les yeux. Je ne pouvais pas supporter un tel mensonge. Parce qu'en vérité, il ne m'emmènerait nulle part. Je partirai dans deux jours, et nous poursuivrions nos vies là où elles s'étaient arrêtées, avant de nous rencontrer. Louis m'avait peut-être sauvée, il avait peut-être été mon superhumain, mais il ne m'emmènerait pas avec lui.

A la pause méridienne, je suis descendue de mes gradins pour rejoindre la loge. Juste devant la porte, Louis m'attendait. Les mains dans les poches et un sourire collé sur les lèvres, il était terriblement craquant. Oubliant quelques instants les pensées qui m'avaient obsédée toute la matinée, j'ai répondu à son sourire tout en me dirigeant vers lui.

– Bonjour Signorina !

– Buongiono Signore ! ai-je répliqué une fois à sa hauteur.

– Hm... J'adore quand tu parles italien...

Sa voix si séduisante m'a arraché un sourire, et aussitôt, sa main s'est posée sur ma hanche avec douceur. J'étais toujours mal à l'aise à l'idée qu'il touche ce corps que je n'avais jamais aimé, mais son regard plongé dans le mien, sincère et plein de désir, a vite eu raison de mon inconfort. Louis a rapproché son visage du mien, mais j'ai détourné la tête aussi vite. J'ai jeté un coup d'œil autour de nous pour voir si quelqu'un était encore dans la salle.

– Quoi ? Tu as peur qu'on nous observe ? a demandé Louis en riant.

J'ai ouvert la bouche pour lui faire remarquer qu'il devrait avoir honte d'embrasser une fille comme moi. Si cette relation restait pour l'instant dans le secret du groupe, rien ne me disait que Louis aurait le droit de l'assumer. Son image était en jeu : il n'avait rien à faire avec quelqu'un comme moi.

Mais je me suis ravisée : je savais déjà ce qu'il me dirait. Il m'interdirait de penser une chose pareille, parce qu'il n'aurait absolument pas honte d'être avec une fille comme moi et enverrai balader les managers. J'ai souri en l'imaginant me sermonner.

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