Chapitre 6

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Notre séjour en Belgique a été de courte durée. Nous sommes repartis dès le lendemain, pour l'Angleterre où les chanteurs prenaient un jour de repos avant d'enchaîner les enregistrements et de nouveaux concerts. J'étais presque déçue d'avoir une pause dès mon quatrième jour, mais les garçons n'en avaient sans doute pas eu depuis des semaines et ils en avaient bien besoin.

En allumant mon téléphone, j'ai eu peur de recevoir un message de Chris aussi violent que celui de la veille. Je me suis détendue en voyant que ma seule notification était un message de Caroline, revenue du Tibet.

Hey, je suis rentrée ce soir de Lhassa. Je prends quelques jours de vrai repos et on se planifie un truc. J'ai des tonnes de choses à te raconter et un milliard de photos à te montrer ! A très vite, gros bisous !

J'ai souris à l'idée de la revoir, avant de me rappeler qu'elle se trouvait à des milliers de kilomètres d'ici et que je ne pourrais lui rendre visite que dans un mois. J'ai rangé mon portable sans lui répondre. Après Liz, Caroline était la personne à qui je me confiais le plus, pour autant que je me confiais. Je ne disais jamais grand-chose mais si je devais parler, c'était à elle que je m'adressais. J'avais mis du temps à m'ouvrir à elle. Je n'aimais pas parler aux inconnus, et puis je me trouvais si inintéressante que je ne voulais pas me ridiculiser face à une fille qui avait l'air aussi cool. Grande, jolie, sportive, très cultivée et extraordinairement douée pour la photo, Caroline avait vraiment toutes les qualités à envier. Elle était ambitieuse, n'avait jamais peur de rien ni de personne et pouvait discuter de tout avec n'importe qui. Elle m'impressionnait tellement que j'avais d'abord cru qu'elle s'était approchée de moi pour m'humilier. Mais au fur et à mesure des jours, j'avais compris qu'elle ne me voulait pas de mal.

Lorsque nous étions ensemble, c'était surtout elle qui parlait. Je n'avais d'ailleurs jamais vraiment compris pourquoi elle m'avait choisi moi, alors qu'elle pouvait avoir autour d'elle toutes les personnes les plus sympas et intéressantes de l'université. Elle disait que moi, je n'avais pas l'air superficielle contrairement à toutes les lèches-bottes de l'amphi. Au fond de moi, je pensais qu'il valait mieux être avec des lèches-bottes qu'avec une fille comme moi, mais je ne voulais pas la faire fuir non plus. Elle était la seule et unique amie que je pouvais voir sans que Chris ne soit jaloux.

Nous avions partagé toutes nos années de fac ensemble, à parler d'objectifs ou de conseils photos, mais aussi des garçons qui lui plaisaient, de nos rêves ou nos projets d'avenir, de nos souvenirs d'enfance ou de nos films préférés. Et elle était l'une des seules à m'avoir soutenue lors de l'accident de ma mère.

J'ai tourné la tête vers le hublot pour penser à autre chose. J'angoissais rien qu'à l'idée de poser les pieds en Italie, alors je ne voulais surtout pas que son image refasse surface maintenant. En dessous de nous, la mer. D'ici une petite heure, nous allions atterrir au Royaume-Uni, mon troisième pays en seulement quatre jours. J'ai souri en constatant que de toute ma vie, je n'avais jamais autant bougé en si peu de temps. Cette occasion était vraiment merveilleuse. J'ai remercié intérieurement Simon de m'avoir confié son remplacement.

Une fois de plus, je me suis retrouvée sans mot face à l'immensité et le luxe de l'hôtel dans lequel Finlay me faisait loger. De toute ma vie, je n'avais vu ça qu'en photo. Avec une vue imprenable sur Londres, ma chambre faisait presque la taille de notre appartement à Atlanta. Une immense baie vitrée faisait face au lit immaculé, et la salle de bain paraissait irréel tant le marbre brillait. Un grand bureau trônait dans un coin, ce serait le rêve que de travailler dans cet endroit.

Il était déjà presque midi. Les garçons s'étaient tous dépêché de rentrer chez eux, pour voir leur famille, amis et copine. Le sourire de Zayn lorsqu'il avait donné rendez-vous à sa petite-amie m'avait émue. J'aurais voulu avoir mon appareil photo sous la main pour le capturer, mais je m'étais ravisé. Cela faisait partie de sa vie privée.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant