Chapitre 8

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Depuis deux heures, j'appuyais sur le déclencheur avec automatisme. Je contrôlais tout à la perfection, avec rapidité et frénésie. Encore une fois, j'avais mal dormi et je n'avais pas vraiment la tête à rire des gaffes des cinq garçons qui répétaient sur la scène du Roundhouse. Je regrettais même que la salle soit si petite : j'aurais aimé me cacher loin de Niall. La veille, il en avait appris beaucoup trop sur moi. J'aurais aimé tout effacer, n'avoir jamais dit ce que je lui avais révélé, mais il était trop tard. Moi qui avais toujours gardé le silence sur mes sentiments, voilà que j'avais tout déballer à un quasi-inconnu aux milliers de fans. Et le pire était que je ne comprenais pas pourquoi j'avais fait ça, pourquoi j'avais pensé que mes doutes l'intéressaient, pourquoi maintenant et pourquoi ici. Une chose était sûre : à Atlanta, je n'en aurais jamais été capable avec personne. Et c'était sans doute une bonne chose, car désormais, chaque fois que les yeux de Niall rencontraient les miens, je croyais y lire la pitié que j'avais toujours voulu éviter. Je ne la méritais pas, je n'étais pas malheureuse, je ne souffrais pas. Personne ne devait me regarder de la sorte.

Le concert qu'ils préparaient était plus modeste que les autres, mais il représentait beaucoup pour eux. C'était Londres, leur capitale, et leurs fans ! Ils débordaient d'enthousiasme et d'énergie depuis leur réveil, si bien que Finlay avait fini par capituler et les laisser se dépenser en répétitions.

Tellement concentrée sur mes photos et sur le fait de ne pas me faire remarquer, ni par Niall ni par Louis, je n'ai pas vu le temps passer, et lorsque les garçons se sont arrêtés, il était déjà midi et demi. En effet, mon ventre criait famine : je n'avais pas déjeuner ce matin, pour éviter de croiser l'irlandais dès mon réveil. Finlay m'a fait signe de les rejoindre dans les coulisses où ils allaient prendre leur repas. Un peu angoissée, je les ai suivis, tout en gardant mes distances.

Les chanteurs se sont assis en rond sur des fauteuils multicolores, dans un coin de la salle. Finlay les a quittés, le téléphone à l'oreille, pour sortir sur le parking. Il passait son temps au téléphone ou sur son ordinateur : je me demandais comment il avait pu avoir envie de faire ce métier, s'il ne consistait qu'à appeler des gens et organiser des journées débordantes.

Préférant éviter de leur parler suite aux évènements de ces derniers jours, je me suis assise à l'écart du groupe pour déballer mon sandwich.

– Vous croyez qu'elle est atteinte d'Alzheimer ? a fait Harry assez fort pour que je l'entende.

– Ça a l'air en tout cas ! a poursuivit Niall.

Sur la défensive, je leur ai jeté un regard énervé, avant de voir que leur sourire était simplement enjoué.

– On te dit tous les jours de venir manger avec nous ! s'est expliqué le bouclé. Quand est-ce que tu vas comprendre qu'on ne va pas te croquer ?

Je lui ai lancé un regard à la fois amusé et rancunier : j'aurais vraiment préféré manger seule. Mais ne voulant pas paraître froide, j'ai pris mes affaires et me suis dirigé vers leur petit groupe. Immédiatement, Louis s'est écarté pour me faire une place à côté de lui. Sans un regard pour lui, je me suis assise sur le fauteuil, ignorant ses yeux perçants qui me scrutaient. Niall lui avait-il parlé de notre discussion ? Me voyait-il maintenant comme celle que j'avais toujours été, une jeune femme vide et sans valeur, qui avait cherché une attention qu'elle ne méritait pas ? Car même si je me sentais mieux ici qu'à Atlanta, je restais la même personne inintéressante. Une photographe qui ne vivait qu'au travers de son objectif. Rien de plus.

– Hé, mais on n'a pas encore initié Tina au « Vrai ou faux » ! s'est écrié Harry.

– C'est vrai, ça ! a remarqué Zayn. On l'a fait avec Simon mais pas encore avec toi.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant