Chapitre 15

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Je fixais le plafond depuis deux heures. Je connaissais la moindre petite fissure par cœur. J'avais passé la moitié de la nuit à me tourmenter, et l'autre partie à somnoler en rêvant de deux hommes dont les visages se mélangeaient. Je me sentais si coupable de penser à un autre que Chris. Lui, à des milliers de kilomètres, rentrait chaque soir seul à l'appartement, et attendait des nouvelles qui n'arrivaient que rarement. Les garçons avaient tort, ce n'était pas lui qui était mauvais : c'était moi. J'étais une personne abjecte et mentalement infidèle. Et moi qui avais toujours répugné ce genre de comportement ! Je me dégoûtais.

J'ai jeté un coup d'œil à mon portable : neuf heures, et deux messages de Chris laissés sans réponse. Rien que de voir son nom me donnait la nausée. Comment lui parler normalement après de telles constatations ? Cinq ans de relation remises en question, c'était tout un monde qui s'effondrait ; je ne pourrais pas faire semblant. Et même si je ne lui disais rien, il comprendrait. Chris devinait toujours lorsque quelque chose se tramait, je n'avais aucune chance de le lui cacher.

N'en pouvant plus de toutes ces questions qui tournaient en boucle, j'ai saisi mon téléphone avec l'intention de parler de tout ça à quelqu'un. Deux choix s'offraient à moi : Liz ou Caroline. Mais ma dernière conversation avec ma sœur m'aillant laissée une pointe de colère, j'ai opté pour ma meilleure amie. Elle, ne m'avait pas fait la morale à propos de mon copain et j'arrivais sur un terrain presque neutre. Un rapide calcul a déterminé qu'il était beaucoup trop tôt à Atlanta pour téléphoner à qui que ce soit, mais après tout, nous étions dimanche matin : Caroline était très certainement sortie la veille et n'était peut-être même pas couchée.

Après quelques sonneries, mon amie a décroché.

– Hm... a-t-elle grogné sans un bonjour. Tina, il est trois heures du matin.

– Je sais... ai-je reconnu, la gorge serrée. Mais j'ai besoin de te parler.

A l'autre bout du fil, je l'ai entendu se redresser et sans doute se réveiller un peu plus.

– Raconte-moi tout.

J'ai ouvert la bouche puis l'ai refermée, sans savoir par quoi commencer, ni même ce que je voulais lui dire. Un sanglot m'a traversée alors que je constatais :

– Je suis perdue...

– Mais tu n'as pas de GPS ? Tu sais, je ne peux pas vraiment t'aider depuis mon lit.

Malgré mes larmes, j'ai ris de ce malentendu. Mais lorsque Caroline a entendu que je pleurais, elle s'est vite reprise.

– Oh non, Tina, je suis désolée ! J'avais mal compris... Excuse-moi.

– Ce n'est rien.

– Alors, qu'est-ce qui te tracasse ?

– C'est Louis... ai-je prononcé à voix-basse comme si les murs pouvaient lui répéter cette discussion.

– Louis ?

Et puis j'ai réalisé que je ne lui en avais absolument pas parler. La seule chose que je lui avais dite au téléphone était que je ne savais plus trop où j'en étais avec Chris, mais je ne lui avais donné aucun détail ni aucun nom. J'ai donc respiré un grand coup avant de tout lui raconter. Depuis mon entrée peu délicate dans les studios berlinois, jusqu'à ma discussion avec Louis dans le couloir de l'hôtel. Caroline m'a écouté attentivement sans me couper. Une fois que je lui ai tout dit, elle a toussoté comme avant un discours.

– Bien, bien, bien... a-t-elle commenté en réfléchissant. C'est sûr que la situation est un peu délicate.

– C'est bien pour ça que je te demande de l'aide.

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