Chapitre 40

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Le cœur tambourinant dans ma poitrine, je regardais le paysage se dessiner sous mes yeux. Nous venions de quitter Florence, et les routes se faisaient désormais plus rurales. Les villages que l'on traversait étaient tous conçus de pierres, et des oliviers se dressaient à chaque coin de rue. La musique diffusée dans le taxi achevait de nous mettre dans l'ambiance du pays, avec un trio de chanteurs en vogue qui remettait l'opéra italien au goût du jour.

Je n'avais même pas remarqué qu'un sourire immense traversait mon visage depuis que nous avions atterri. Et plus nous nous enfoncions dans la campagne toscane, et plus il se faisait grand. Si Liz avait été là, elle se serait sans doute mise à pleurer ; moi, je ne savais pas encore gérer toutes ces émotions.

Je réalisais le rêve de ma mère. J'aurais préféré le réaliser avec ma famille, mais c'était déjà une partie du travail. Je me rendais dans son village, comme elle l'avait toujours voulu. Et cette fois, je n'avais plus peur.

Je n'avais plus peur de ressentir de la nostalgie, de la tristesse, de l'injustice envers son absence. Je n'avais plus peur de laisser s'envoler son fantôme pour le remplacer par de beaux souvenirs. Parce que cette fois, j'étais avec Louis.

Assis à côté de moi sur la banquette en cuire, il se délectait autant que moi du paysage méditerranéen.

– Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?

Louis s'est tourné vers moi à moitié exaspéré, un sourcil levé en signe d'interrogation.

– Tina... Pour la soixante-douzième fois : non, ça ne me dérange pas, bien au contraire !

– Ce ne sera pas long, je te le promets. Juste un ou deux jours, pas plus.

– Tu sais, moi aussi j'ai besoin de vacances ! Et passer une semaine loin de tout, perdu en Italie, et avec toi, c'est tout ce dont je pourrais rêver pour le moment !

J'ai souri de plus belle, ravie à l'idée que mon bonheur soit partagé. En cédant ma place à Simon pour le shooting de Georgia Models, je voulais simplement passer plus de temps avec Louis. Mais lorsque le chanteur avait proposé de partir là où j'avais toujours rêvé d'aller, j'avais su que ce serait les plus belles vacances de ma vie.

– De toutes façons, ce n'est pas comme si je pouvais changer d'avis maintenant ! m'a-t-il taquiné alors que nous empruntions une petite route sinueuse où une seule voiture pouvait passer.

Avec une moue amusée, je lui ai donné un petit coup de poing dans le bras.

– Je peux toujours t'abandonner sur le bord de la route ! ai-je fais remarquer.

– Ce serait bête d'être arrêtée pour mise en danger d'une personnalité publique.

– Je suis à moitié italienne : tout le réseau de mafia du pays me protègera.

Comme si j'avais invoqué le diable, le conducteur du taxi m'a jeté un regard indigné dans le rétroviseur, ce à quoi nous avons éclaté de rire à ses dépens.


Depuis que j'avais rencontré Louis, j'avais découvert tout un tas d'émotions insoupçonnées, des plus légères aux plus accablantes. Mais jamais je n'avais ressenti cette appréhension qui coulait dans mes veines comme un venin paralysant. Mon cœur battait beaucoup trop fort, comme à bout de souffle. Mon corps entier était vidé de ses forces. Mes mains s'ouvraient et se refermaient pour tenter de détendre mes muscles, sans grand succès. La tension était trop forte. Nous arrivions.

Cela faisait vingt minutes déjà que nous longions la côte, sur une route cabossée, entre les pins et la falaise. Devant nous se dressait un minuscule village, qu'on aurait confondu avec la roche si les couleurs des maisons n'étaient pas si vives. Litrano.

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