Chapitre 26

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– Non, Tom ! On n'étrangle pas le chat avec un fil à scoubidou !

J'ai éclaté de rire en imaginant ma sœur courir après son démon de fils pour éviter la mort imminente de Muffin, le chat errant qu'Oliver avait absolument voulu sauver.

– Je te jure ! s'est plaint ma sœur. Mon jour de congé est plus fatiguant que tous les jours de boulot ! Pauvre gattino...

– Dis à mon neveu préféré que s'il se tient sage, il aura plein de cadeau de mon voyage en Europe ! lui ai-je lancé pour tenter de sauver Liz.

– C'est vrai ? s'est écrié Tom derrière elle.

– Oui, oui ! De chaque pays où je vais ! Mais seulement si tu es sage !

– D'accord Tata-Tina ! m'a-t-il promis. Tu rentres quand ?

La question qui fâche...

– Dans pas très longtemps, ai-je éludé. Je te fais des bisous, Tommy !

Mon neveu a claqué un baiser sur le combiné qui a fait grésiller mon tympan, puis sa mère l'a envoyé prendre son bain. Je l'ai entendu soupirer d'épuisement en s'asseyant de son canapé.

– Ce petit monstre va finir par avoir ma peau... Heureusement qu'il a bouille d'ange qui pardonne tout ! m'a confié ma sœur.

J'admirais le courage de Liz. A seulement vingt-huit ans, elle arrivait à gérer ses postes d'assistante de direction, maman modèle et épouse parfaite, sans faiblir une seule fois. Ce n'était pas moi, avec mes photos et ma dernière relation amoureuse catastrophique qui rendrait mon père fier.

– Tu voulais me dire quelque chose ? lui demandai-je puisque nous avions été coupées par les bêtises du garnement.

– Oh, oui, c'est vrai ! Je suis passée voir Papa, hier soir.

Ravie, je lui ai demandé de ses nouvelles. Je m'en voulais un peu de ne pas l'avoir fait plus tôt, mais mes conversations avec lui n'étaient guères intéressantes depuis quelques temps... Liz m'a appris qu'il se portait bien même s'il s'occupait plus de son jardin que de lui-même, ce qui était tout de même une avancée puisqu'il reprenait goût au grand air.

– Et j'en ai profité pour prendre quelque chose pour toi, a-t-elle ajouté.

– Comment ça ?

A cet instant, j'ai senti mon téléphone vibrer, m'annonçant l'arrivée d'un nouveau message. C'était Liz qui m'envoyait des photos. Lorsque j'ai ouvert la première, mon cœur s'est arrêté un instant.

– J'ai tout retrouvé. Il l'avait caché au grenier mais tout y est.

En l'espace d'une seconde, j'étais redevenue cette enfant allongée sur le lit de ses parents, feuilletant les albums de voyage avec ma sœur. Je me souvenais des histoires qu'on s'inventait, des road trip qu'on planifiait sur les vieilles cartes décolorées. Mais surtout, de la voix de ma mère qui nous racontait son enfance à Litrano.

J'ai fait défiler les images sur mon téléphone : la carte de la Toscane avec, entouré au feutre rouge, l'emplacement du village, le nom de l'épicerie d'un grand cousin, et même la photo de la maison bleue aux volets blancs. Ma gorge s'est serrée. Je n'avais pas revu l'album d'Italie depuis trois ans. Je n'avais pas osé le toucher à la mort de Maman, et par la suite, je n'avais pas voulu le demander à mon père. Cela l'attristait trop.

– Comme ça, tu pourras y aller sans soucis, a déclaré ma sœur.

– Liz, c'est vraiment génial. Merci, mais... Je ne sais pas si j'aurais le temps... On ne reste que trois jours là-bas, dont deux avec des concerts.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant