Chapitre 38

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J'ai d'abord pensé à appeler Caroline. Elle aurait su me donner la pêche pour ce dernier rendez-vous et n'aurait pas raté l'occasion de me faire acheter une jolie tenue.

J'ai aussi pensé à téléphoner à ma sœur, qui aurait trouvé les mots justes pour me rassurer et m'aurait conseillée sur l'attitude à adopter.

Mais je n'ai contacté aucune des deux. Cette soirée, c'était la dernière. Alors je voulais qu'elle m'appartienne. C'était ma dernière occasion d'être moi-même avec Louis. Et cette fois, j'étais sûre d'être à la hauteur par moi-même, sans demander l'aide de qui que ce soit.

Toujours plantée devant la porte fermée de ma chambre, j'ai regardé l'heure : dix-huit trente heures. Il me restait une heure et demie avant de retrouver Louis. Beaucoup trop pour se préparer à une soirée ordinaire. Si peu pour se préparer à la dernière soirée. J'ai refoulé le petit pincement dans mon cœur, et j'ai ouvert ma valise en grand. J'ai fouillé un moment avant de sortir la tenue idéale. Rien de grandiloquant comme me l'aurait conseillé Caroline. Une belle tenue à mon image.

Sous l'eau chaude de la douche, mes pensées se sont emmêlées. L'idée d'une sortie avec Louis me donnait des ailes. Mais les circonstances pesaient tel un boulet dans ma poitrine. Partagée entre la joie et la peine, je ne savais plus sur quel pied danser. J'avais eu tellement de chance de le rencontrer, mais est-ce que ça en valait la peine, si c'était pour le quitter aussitôt ?

L'amour de ma mère, lui, valait la peine, même si elle est partie. Elle n'était plus là pour veiller sur moi, pour prendre soin de moi, et pourtant, son amour était resté, et son fantôme continuait de bercer mes journées les plus dures. Il en serait de même pour Louis.

Oui, il en valait la peine. Il valait la peine de souffrir, si c'était pour qu'il m'ouvre les yeux sur un monde plus beau. Il valait la peine de souffrir, si c'était pour garder ce petit bout de bonheur dans mon cœur, tous les jours du reste de ma vie.

Parée à sortir, j'ai jeté un dernier coup d'œil dans le miroir. J'ai défait un bouton de mon chemisier émeraude, et passé une main dans mes boucles brunes. Et face à mon reflet, je me suis souri. Même si j'avais toujours du mal à accepter ma silhouette imparfaite et mes indénombrables taches de rousseurs, Louis les aimait. Et c'était tout ce qui comptait pour moi, ce soir. Me sentir belle, aimée par la personne la plus merveilleuse que j'avais jamais rencontré.

– Caro, tu serais fière de moi ! ai-je adressé à ma meilleure amie. Je me sens belle !

Bien, il était temps... maintenant qu'il ne te reste que seize heures ici !

Avant que les pensées négatives ne reprennent le dessus, j'ai saisi mon sac à main et me suis enfuie, laissant toutes les questions d'avenir dans ma chambre. Ce soir, il n'y avait que Louis et moi. Rien ni personne d'autre.

Louis m'attendait déjà dans le hall. Concentré sur son téléphone, il ne m'a pas vu arriver, et j'ai eu tout le loisir de le détailler.

Vêtu d'une chemise noire et d'un jeans sombre, il semblait bien plus mature que lorsqu'il portait ses habituel t-shirts fantaisistes. Cependant, ses cheveux restaient inéluctablement en bataille. Et ce contraste ne le rendait que plus sexy. Ses manches retroussées laissaient apparaitre les tatouages de ses avant-bras, et même à cette distance, l'envie de les effleurer m'a fait frissonner de plaisir.

Louis a relevé les yeux vers moi, et le tissu sombre a contrasté avec ses yeux électriques. Remplis de leur pureté habituelle, ils m'ont détaillée rapidement avant qu'un sourire contenu ne vienne étirer son visage. Comme nerveux, il a détourné le regard un instant en se pinçant les lèvres. Mon pouls s'est emballé.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant