Chapitre 43

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Il était seulement huit heures du matin, et Litrano semblait déjà en pleine émulsion. Les femmes profitaient des premiers rayons du soleil pour étendre le linge aux fenêtres, et les enfants se rejoignaient sur la place centrale pour un match de foot improvisé. J'étais persuadée qu'Atlanta était moins dynamique les dimanches matin que ce minuscule village. Cela avait sûrement du bon d'habiter loin de tout : pas de pression, pas de stress, pas de fatigue inutile.

Installés à la terrasse de l'un des deux cafés du village, nous regardions tout ce petit monde s'éveiller, devant un délicieux petit-déjeuner. Alors que Louis émergeait difficilement, j'observais tous les moindres recoins de la place, éclairée sous un tout nouveau jour au petit matin. J'étais émerveillée par la lumière dorée qui filtrait entre les maisons et la petite brise venue de la mer qui faisait frémir les feuilles du grand olivier. Fermant les yeux, je savourais la chaleur du soleil sur mon visage, un sourire serin au bout des lèvres.

– Comment on dit en italien « Ce café est meilleur que j'ai jamais bu » ? m'a questionné Louis.

– Tu veux te mettre à l'italien, maintenant ? Je pensais que ton expérience chaotique avec le bulgare t'avait désincité à apprendre une nouvelle langue ! l'ai-je charrié.

– Si tu apprends à être une star, je peux bien apprendre l'italien.

J'ai souri tandis que le gérant du café nous apportait une montagne de petits pains de toutes sortes. Quand j'étais petite, ma mère, Liz et moi faisions beaucoup de pâtisseries, et nous avions souvent cuisiné ces petites viennoiseries succulentes. Cela faisait des années que je n'en avais plus mangées, j'en avais presque oublié le goût. Mais à la réaction de Louis, mon souvenir devait être intacte.

– Oh mon dieu ! C'est délicieux ! s'est-il exclamé en ouvrant des yeux grands comme des soucoupes. Pourquoi je n'ai jamais goûté ça avant ?

– Sûrement parce que tu n'allais pas aux bons endroits ! Les grands hôtels ne connaissent pas cette petite merveille, ai-je supposé en piochant une viennoiserie.

– Les grands hôtels, ça ne fait pas tout. Je n'ai jamais aussi bien dormi que cette nuit !

Un peu gênée par son aveu, je lui ai jeté un coup d'œil et son regard a croisé le mien. Visiblement, il avait parfaitement conscience de ses mots puisqu'il a ajouté :

– Mais je ne suis pas sûr que ce soit une question de matelas...

A la fois embarrassée et amusée, j'ai détourné le regard en retenant un petit rire. Lorsque je me suis retourné vers lui, l'étincelle de plaisanterie avait disparu pour laisser la place à un regard attentionné.

– Et toi, est-ce que tu as bien dormi ? m'a demandé Louis avec douceur.

Nous n'avions pas reparlé de mon angoisse de la veille. Je m'étais réveillée un peu avant lui et j'avais filé sous la douche avant d'avoir à le confronter. Mais le sujet était inévitable.

J'ai esquissé un petit sourire avant de répondre :

– Plutôt bien... Ça... ça a fini par passer.

– Tu penses que ça ira mieux ce soir ? Tu sais, on peut demander un matelas à Nino si...

– Non, ça va aller, lui ai-je assuré. C'est juste... Tu sais... J'ai encore du mal à...

Ne parvenant pas à m'expliquer davantage, j'ai soupiré. En vérité, j'étais à l'aise avec Louis. Le problème ne venait pas de lui, seulement de moi. De cette petite voix qui m'avait toujours soufflé que je n'étais pas assez.

Mais aux côtés de Louis, j'étais en bonne voie pour en finir avec elle. Lorsque j'avais lentement sombré dans ses bras, mon esprit n'avait jamais été aussi calme. Même mon corps avait fini par se détendre en acceptant celui du chanteur, et mes pensées s'étaient apaisées, comme la mer après la tempête : douce, sereine. Plus que jamais auparavant, je m'étais sentie à ma place.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant