Chapitre 20

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Le soleil étirait ses premiers rayons dorés sur la ville qui se réveillait doucement. Seuls quelques rares nuages traçaient de fines lignes rosées à l'horizon, entrecoupées des hauts bâtiments parisiens. En bas, les cafés ouvraient leurs portes, des travailleurs sortaient des immeubles, une sacoche sous le bras. Tout était si paisible à cette heure. La vie revenait petit à petit dans la rue, comme elle revenait dans mon corps.

Caroline m'avait prévenue : une rupture, ça fait toujours mal, aussi mauvaise était la relation. Je ne m'étais jamais posé la question, jusqu'à hier. Je savais pertinemment que Chris me faisait du mal, que nous ne pouvions plus être ensemble, et que, après tout, je ne l'aimais plus. Et pourtant, je n'avais pas pu empêcher mon cœur de se serrer à chaque fois que je pensais à lui. Et cette nuit, j'avais beaucoup pensé à lui. Peut-être trop, pour quelqu'un que je voulais rayer de ma vie.

J'avais repassé en boucle toute notre relation, depuis nos débuts et sa mignonne technique d'approche. Les images étaient revenues les unes après les autres, comme un film que je ne pouvais pas arrêter. Ses yeux verts, ses cheveux bruns, son sourire de mauvais garçon, sa voix grave et assurée, ses bras musclés qu'il découvrait lorsqu'il travaillait, la tête dans un moteur. Toutes ces petites choses que j'avais aimées et qui m'avaient laisser croire que j'avais trouvé l'homme de ma vie. Je devais leur dire au revoir.

Quelques minutes après avoir raccroché, Chris m'avait rappelée. Je n'avais pas répondu. Puis mon téléphone avait sonné une deuxième, une troisième fois. A la quatrième, j'avais raccroché et éteins mon portable, m'excusant silencieusement auprès de lui. Je n'étais pas prête à lui donner plus d'explications. Il les trouverait au fond de lui.

J'avais passé la nuit dans un demi-sommeil désagréable, dans lequel se mêlaient toutes les personnes de ma vie. Ma mère m'était apparu, tantôt pour me dire que je devais avoir honte de blesser Chris, tantôt pour me féliciter de prendre enfin soin de moi. Caroline me rejoignait pour un tour du monde « entre célibataire ». Louis avait effleuré mon bras avant de me murmurer : « Alors, maintenant, plus rien ne te retient ». Mon rêve s'était éteint avant que ses lèvres ne soient trop proches.

– Je crois que tu as raison, depuis le début.

Accoudé à la balustrade, Louis, bien réel cette fois, m'a lancé un regard en coin étonné. Cela faisait bien cinq minutes que nous observions le monde se réveiller dans un silence absolu.

– Pour Chris, l'ai-je éclairé. Mais j'avais trop peur pour le comprendre.

– Pour comprendre quoi ? m'a-t-il questionné, un léger sourire au bord des lèvres.

– Qu'il n'était pas ce qu'il me fallait. Qu'un homme capable de dire des choses pareilles ne mérite pas l'amour d'une femme !

Louis a ri silencieusement en détournant le regard, sans doute surpris que j'utilise ses propres mots que j'avais d'abord méprisés.

– Je pensais juste que... c'était normal. C'était la seule chose que je connaissais en amour, alors je croyais que c'en était. Je ne m'étais jamais posé la question.

Le chanteur a hoché de la tête en me détaillant, le regard compatissant, sans rien ajouter. Ce sujet avait longtemps été un terrain miné entre nous ; l'aborder si facilement le décontenançait à vue d'œil, d'autant plus après l'épisode de la photo sur le blog. S'il savait que c'était justement ça qui m'avait fait basculer. Ça, et les vers qu'il avait fredonné contre mon oreille pour me calmer et me promettre un monde meilleur.

Au bout de longs instants de silence dans lequel je pouvais entendre les rouages de son cerveau, Louis a relevé les yeux vers moi. Des yeux pleins d'espoir qui leur redonnait leur éclat. J'ai su qu'il avait compris.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant