Chapitre 34

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Liz avait rencontré Oliver en deuxième année de fac, à vingt ans. Ils avaient traîné ensemble quelques temps, avant d'officialiser les choses. J'étais assez jeune, mais je me souvenais très bien de cet air béat et niais qu'elle avait en rentrant, ce soir-là, à la maison. Pendant tout le repas, elle nous avait assurer qu'il n'y avait « pas de raison particulière » à sa bonne humeur, mais quand je l'avais rejointe dans sa chambre un peu plus tard, elle n'avait pas pu s'empêcher de cracher le morceau.

Je crois que je devais avoir à peu près le même sourire stupide sur le visage quand j'étais descendue dans le hall ce matin-là, traînant mes bagages derrière moi. J'essayais de le cacher, mais j'avais du mal à dissimuler mes joues rougissantes quand j'ai aperçu Louis à l'autre bout du hall. Avachi avec ses amis sur le canapé en attendant que Finlay remplisse quelques papiers, il semblait pleinement absorbé par la conversation – pour une fois sérieuse – qui se tenait entre eux.

J'ai ralenti le pas, hésitante ; et s'il n'était pas aussi bouleversé par ce qu'il s'était passé la veille, sur ce toit ? Et si ça avait beaucoup moins d'importance à ses yeux ? Et si...

Je n'ai pas eu le temps psychoter plus longtemps ; Louis a tourné le regard vers moi, et a envoyé valser toutes mes peurs. Malgré la distance, j'ai pu voir le coin de ses yeux s'étirer et des milliers de petites étincelles s'allumer dans ses pupilles. Il s'est pincé les lèvres pour ne pas sourire de façon trop suspecte, mais c'était une tâche trop complexe pour moi. J'ai passé une main dans mes cheveux pour paraître moins étrange, mais il semblait déjà trop tard.

– Louis, ça va ? a fait Liam en le voyant déconnecter.

Les garçons avaient arrêté leur conversation, mais Louis était, tout comme moi, encore à des milliers de kilomètres, plongé dans le souvenir de nos corps l'un contre l'autre sur la terrasse, de nos lèvres s'entrechoquant avec une passion ardente.

Terrorisée à l'idée que le reste du groupe puisse lire dans mes pensées, j'ai détourné le regard et me suis laissé tomber sur un large fauteuil à moitié occupé par Zayn.

– Salut ! ai-je lancé à tout le monde de mon air le plus détendu.

– Bonjour Tina... a articulé Harry d'un air suspicieux.

Je lui ai adressé mon sourire le plus sincère, mais j'ai senti le regard de tous les autres passer de Louis à moi, puis de moi à Louis. Aussi lâche que j'étais, j'ai ignoré les yeux de Louis fixés sur moi, préférant contempler mes mains qui avaient pris soudain une importance capitale.

Le silence a duré quelques interminables secondes avant que Liam ne toussote, un rictus amusé au coin des lèvres.

– Eh bien, ça sent la réconciliation dans l'air, non ?

– La réconciliation ? s'est égosillé Harry. Tu parles ! Ça pue la tension sexu...

– Harry ! l'a arrêté Niall en lui balançant un coup de coude dans les côtes.

De plus en plus gênée, j'ai senti mon visage passer au rouge écarlate. J'aurais voulu m'enfuir tant j'étais mal à l'aise, mais cela aurait paru encore plus suspect. Après tout, si les garçons étaient curieux de savoir ce qu'il s'était passé hier soir, nous n'aurions qu'à leur dire la vérité : nous étions restés trente minutes, enlacés l'un contre l'autre sous les étoiles, sans oser briser le silence magique qui nous enveloppaient. Nous avions parlé à voix basse de choses et d'autres, de la chanson qu'il avait écrite pour moi, de ses tatouages et de ma famille. Il m'avait tenu fermement contre son torse, ses bras enroulés autour de moi, caressant ma peau avec douceur. Au bout d'un moment, j'avais commencé à m'assoupir contre lui, alors nous étions rentrés, chacun dans notre chambre. Et il ne s'était rien passé de plus. Je savais qu'il en avait eu envie, et moi aussi. Mais nous avions déjà eu trop d'émotions pour une seule journée, et, d'un accord silencieux, nous nous étions quittés sur un baiser délicat devant la porte de ma chambre.

Up and AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant