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- Après ça, je ne voulais plus entendre parler d'enfants. Leur comportement m'avait définitivement dégoûté. Donc je me suis barré. Cap au sud. Loin de Slough, au-delà de l'autoroute, direction la campagne. Enfin, tu vois bien comment c'est par ici : c'est pas la nature sauvage, mais y a quand même des champs, des bois, des lacs.

- Quand je t'ai trouvé ? demanda Natsu. T'étais en chemin pour ici ?

- Ouais. Enfin, tu veux dire quand je t'ai trouvée.

- Ok, disons, quand on s'est trouvés.

- Admettons...

Sakusa arrêta de nouveau de parler. Natsu l'écoutait respirer.

- Qu'est-il arrivé aux enfants que tu as laissés à Slough ? demanda-t-elle au bout d'un moment. Maintenant qu'ils n'avaient plus de chef ?

- Plus tard, j'ai entendu dire qu'ils s'étaient ralliés aux gamins d'Arbour Vale, répondit Sakusa. Ce qu'ils auraient dû faire dès le départ, si tu veux mon avis. Je crois que tout va bien pour eux, là-bas. Ils ont éliminé presque tous les adultes de la ville, sécurisé le périmètre. Apparemment, c'est Josa qui commande, maintenant, avec Kenton, le tatoué d'Arbour Vale, comme suppléant. Aux dernières nouvelles, elle était enceinte. Le bébé de Tyler. Conclusion... c'est pas le genre d'endroit où je te conseille d'aller traîner. Vaut mieux aller à Bracknell ou à Maidenhead...

- Pas question, le coupa Natsu. J'ai vu ce dont ces enfants sont capables. J'ai vu que ce Louisa et Sonya ont fait. Et si tu veux pas avoir affaire à eux, alors moi non plus.

- Natsu, j'suis pas sûr de pouvoir assurer ta sécurité.

- M'en fiche. Je reste avec toi.

- Écoute-moi. Bien sûr, les enfants sont toujours capables de tout, mais l'épisode de Slough remonte déjà à un an. De l'eau a coulé sous les ponts. Les choses se sont tassées. Pour l'immense majorité d'entre eux, ils ont cessé de se faire la guerre et chacun respecte le territoire de l'autre. Les courses ont au moins eu ce mérite.

- Quelles courses ? demanda Natsu. Isaac m'en parlait, lui aussi, sans jamais m'expliquer de quoi il s'agissait.

- C'est comme ça qu'ils appellent les jeux qu'ils ont organisés à Ascot. C'est leur manière de se mesurer les uns aux autres sans qu'il ait de morts. Bon, j'ai pas dit qu'il n'y en avait jamais. Mais, en tout cas, c'est pas le but.

- En quoi consiste ces jeux ?

- Aucune idée, j'y suis jamais allé. Depuis que j'ai quitté Slough, j'ai tout fait pour me tenir à l'écart des autres enfants.

- T'es resté seul pendant tout ce temps ? À la ferme ?

- Non ! Tu penses bien que je ne me suis pas tout de suite retrouvé à la ferme. Au début, j'ai erré, au hasard. Mais la campagne peut se révéler redoutable quand on fait n'importe quoi, ce qui était mon cas, à l'époque. J'ignorais comment vivre de la terre. Je connaissais rien à rien. Sans parler des adultes. Y en avait encore plein qui rôdaient. En fait, les enfants vivaient surtout dans les villes, alors que les adultes préfèreraient les zones rurales. Conclusion ? J'étais en sécurité nulle part. L'ironie du sort a voulu que ce soient les adultes qui me prennent sous leur aile. En réalité, ce sont eux qui m'ont sauvé. Ils m'ont mieux traité que les enfants.

- Les adultes ?

- Oui. En particulier la petite bande sur laquelle je suis tombée. Des champions de la survie. Ils avaient quitté la ville dès que ça avait commencé à dégénérer. Ils étaient prêts. Dans un sens, je crois que c'est ce qu'ils attendaient. Ils avaient tout le nécessaire de survie : des armes, des outils, du matériel médical, des armures, des pièges, des tentes, des kits de filtration pour l'eau, des lunettes de vision nocturne.

ENEMY Tome 4 : Les proies Où les histoires vivent. Découvrez maintenant