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- Je pense qu'on va rester ici.

- Vraiment ? Vous êtes sûrs ? demanda Aone en regardant Trinité (l'image du petit gars dans leur dos continuait de le hanter). Vous pourriez vraiment nous aider.

- Arrête, jusqu'ici on a servi à rien, répondit Trio en fixant ses pieds.

- Tu veux parler d'Issei ?

- Oui.

- C'est faux, vous avez essayé de nous prévenir. C'est nous qui ne vous avons pas écoutés.

- C'est qu'on n'a pas été assez convaincants.

  Aone haussa les épaules. À quoi bon discuter. Ce qui était fait était fait.

- Le truc, poursuivit Trey, c'est qu'on pense qu'on pourrait être plus utile ici. Amélia a une telle connaissance de la maladie... Si on y ajoute ce que nous on sait à propos de Promithios et aussi, eh bien, ce qu'on est...

- À vous de décider, répondit Aone en soulevant deux sacs de victuailles et en se dirigeant vers la voiture.

  Trinité lui emboîta le pas, marchant étonnamment vite pour quelqu'un qui n'a que deux jambes valides pour trois.

- Amélia est âgée, argua Trey. Elle en a peut-être plus pour très longtemps. C'est notre dernière chance.

- Dernière chance de quoi ? demanda Aone en chargeant à l'arrière de la voiture un carton entier de boîtes de haricots qu'Amélia lui avait données.

- Notre dernière chance de trouver un traitement, répondit Trio.

- Vous pensez vraiment que c'est possible ? demanda Aone en oubliant ce qu'il était en train de faire.

- Y a un petit espoir, dit Trey. L'espoir de trouver une solution pour combattre cette chose. Vu l'enjeu, ça vaut le coup d'essayer.

- Vous voulez dire que c'est plus important que de sillonner la campagne à la recherche de Natsu ?

- C'est pas ce qu'on a voulu dire, répondit Trey.

- C'est pourtant la stricte vérité, dit Aone en tendant ses paumes ouvertes d'un air fataliste et désespéré. Je sais pas moi-même pourquoi je fais tout ça, alors c'est certainement pas moi qui vais vous dissuader de rester. Vous avez raison. Parlez à Amélia. Imaginez un moyen de foutre un bon coup dans l'aile à cette maladie. Faites-le pour Issei et pour tous les autres enfants qui sont morts. Quand on aura retrouvé Natsu - si tant est qu'on y arrive - on passera vous chercher et on rentrera ensemble en ville.

  Aone adressa un grand sourire réconfortant à Trinité. Ça semblait si simple, dit comme ça. Pourtant, ils déploraient déjà un mort alors qu'ils n'avaient pas commencé à chercher la sœur de Shōyō.
  Trinité retourna précipitamment à l'intérieur, croisant sur son passage Ebenezer, Kanji et Lev qui transportaient le reste de la cargaison. Alors qu'Aone rangeait son épée dans le coffre, Lev demanda s'il pouvait la voir. Aone haussa les épaules et la lui donna.

- Je l'appelle ma faucheuse, dit-il, mais le terme technique, c'est bâtarde. Elle date de la guerre civile.

- Tu veux dire la guerre de Sécession, en Amérique ?

- Non, la guerre civile. Anglaise.

- Je savais pas qu'il y avait eu une guerre civile là-bas, dit Lev en donnant quelques coups d'épée dans les airs pour jauger le poids et l'équilibre de l'arme. La vache ! C'est lourd.

  Aone n'arrivait pas à croire que Lev ignorait l'existence d'une guerre civile anglaise.

- Attends, ne dis pas que t'as jamais entendu parler de Cromwell, des Roundheads et des Cavaliers ? De la lutte entre les royalistes et parlementaristes ?

ENEMY Tome 4 : Les proies Où les histoires vivent. Découvrez maintenant