Engendrement [Tome 2]

57. On vit pour faire des expériences

Point de vue de Chris :

Je martelai la porte de toutes mes forces, à deux doigts de la faire céder, mais il n'ouvrait toujours pas.

— Ayden, putain ! Ouvre cette fichue porte ! hurlai-je.

Rien. Il n'aurait pas pu changer de chambre, si ?

Je recommençai à frapper, faisant gueuler quelques clients de l'hôtel que j'ignorais royalement. J'étais trop à cran pour prêter attention à qui que ce soit. Je m'étais déjà retenu suffisamment devant Isabella.

— Putain ! grognai-je.

— Chris ?

Je fis volte-face pour croiser le regard inquiet du blond. Il était accompagné d'un agent de police qui me dévisageait à son tour.

— Où est-ce que tu étais, bordel ?

— Je suis sorti prendre l'air...

— Ouais, bref, peu importe. On doit parler, tout de suite !

Il hocha la tête, et je me poussai pour le laisser déverrouiller la porte. Nous entrâmes et le policer resta posté devant, au cas où. Il avait clairement remarqué que j'étais au bord de l'explosion et susceptible de faire une connerie.

— Tu veux un verre d'eau ? Tu es tout rouge !

— Ne me pousse pas à bout, Marin.

Il s'assit sur son lit et commença à enlever ses chaussures comme si de rien n'était.

— Tu savais que ton frère est un putain d'agent fédéral ?

Il se figea immédiatement, ses yeux écarquillés se posant lentement sur moi.

— Jason ?

— Parce que tu as un autre frère peut-être ?

— Non... Attends, qu'est-ce que tu racontes ?

Je passai une main nerveuse dans mes cheveux.

— Ton frère jumeau travaille pour le FBI, surprise !

— Je ne peux rien confirmer. Je n'ai aucune info sur lui. J'ai mobilisé mes ressources pour le traquer, comme pour ton ex, mais je n'ai rien trouvé. Mes renseignements s'arrêtent à ses vingt-quatre ans...

— Parfait timing ; on peut intégrer le FBI à partir de vingt-trois ans. Après, c'est facile d'effacer ses traces. C'est un agent spécial ! Les fédéraux sont discrets et ont les moyens de disparaître. Ce type est un fantôme, son dossier est hors de portée pour la police locale.

Il se crispa.

— Tu es en train de me dire qu'il pourrait me sortir d'ici, mais qu'il ne fait rien ?

— Non, ça ne se passe pas comme ça, Ayden. Tu as commis des actes criminels, tu dois être jugé !

— Oui, mais...

— Écoute, y a-t-il une chance que ton frère témoigne en ta faveur au tribunal ? demandai-je.

— Je ne l'ai pas vu depuis vingt-cinq ans, je ne sais même pas à quoi il ressemble aujourd'hui... Je ne peux pas répondre à tes questions, Chris, je ne sais rien, je ne sais rien putain !

Il prit sa tête entre ses mains, et son corps entier commença à trembler. Merde. Je m'approchai de lui pour poser ma main sur son épaule, mais il me repoussa violemment. Je reculai, désorienté.

— Dans la salle de bain, marmonna-t-il, des médocs...

Je m'y précipitai illico. Sur le lavabo, je trouvai un flacon contenant des gélules bleues et blanches que je reconnus aussitôt. Des antidépresseurs. J'avais pris cette merde à l'époque où j'avais sombré dans la dépression après le départ d'Alice.