12. L'art est Dieu

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La porte s'ouvre, c'est l'agent Trent. Il me toise du regard. Je souris. Cela fait quinze minutes que je suis seule. Il me faut un avocat s'il veut parler de mon passé, sinon je ne dirais aucun mot dessus.

- Levez-vous ! ordonne-t-il autoritairement. Vous pouvez rentrer chez vous.

- Quoi ?

- Allez.

Je me lève rapidement. Ai-je vraiment le droit de partir ? Je ne comprends pas, il y a un quart d'heure, il était persuadé de me tenir. Je passe devant lui. Certains agents me dévisagent comme s'ils tenaient tous à retenir mon visage.

Il y a quelques choses que j'ignore. Je suis persuadée qu'on ne sort pas aussi facilement d'un poste de police, surtout avec mes problèmes. Et si quelqu'un s'était chargé de me faire sortir d'ici ? Après tout, je suis une menace pour les gens du Palais.

L'agent Trent me raccompagne en silence à la sortie. Je remarque qu'il est tendu. J'ai plein de questions mais j'ai la flemme, je suis fatiguée. Alors que j'allais partir, il attrape mon bras pour me retenir deux secondes de plus. Je lui lance un regard meurtrier.

- Vous avez de la chance, gronde-t-il. Ils vous ont à l'œil, il est venu pour vous.

Je ne montre rien mais je suis troublée. Je me libère de son emprise car je n'apprécie pas du tout son culot d'agent.

- Où est la chance ? débité-je avec une voix grave qui manifeste mon envie de le tuer. Il m'a violé, bouffon, et marqué à l'encre noir.

Il veut me répondre mais je lui fais signe de la fermer. Je veux avoir le dernier mot.

- Surveillez-moi, agent Trent. Je vais le trouver et le tuer. A ce moment-là, vous pourrez m'arrêter.

Je m'en vais avant qu'il décide de m'enfermer définitivement. Je passe devant des voitures garées dont une me saute aux yeux. Elle est beaucoup trop luxueuse pour être ici à cette heure-là. Je m'immobilise pour la regarder, les phares s'allument et elle démarre. Je l'observe passer devant moi.

Je sais qu'il est là.

L'agent Trent a confirmé deux choses : qu'il y a une sorte d'organisation qui est derrière mon histoire et que l'homme que je cherche est tout près. J'ai presque l'impression de sentir son souffle sur ma nuque.

Je me dépêche de rentrer chez moi. La fatigue est dévorante. Quand j'entre dans ma chambre, je trouve à peine la force de me mettre un pyjama et de me coucher dans mon lit. Mon esprit sombre dans le sommeil à la minute où je ferme les paupières.

...

Mon réveil sonne. Je n'ai dormi que quelques heures. J'ai mal au crâne, je me sens nauséeuse. Je dois aller en cours. Il faut aussi que je parle à Yoona et que je trouve Victoria qui n'a donné aucun signe de vie.

Ma porte s'ouvre, je sursaute. Yoona entre, elle est encore en pyjama, et vu sa tête, elle a pleuré toute la nuit. Dans ses mains, elle tient une tasse à café.

- Je ne voulais pas venir te réveiller, dit-elle, tu es rentrée si tard.

Je lui fais signe de s'approcher. Mon amie pose ma tasse sur la table de chevet et grimpe sur le lit avant de me prendre dans ses bras.

- Je suis tellement contente de te savoir à l'appartement.

Elle recule un peu pour qu'on puisse discuter.

- Que s'est-il passé ?

- C'est compliqué, marmonné-je. L'agent me croit coupable d'un crime en rapport avec le Palais.

A Fleur de peau et de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant