52. Se désaimer, s'aimer, se trahir

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Vous m'avez tous cru.

Mon cœur bat à cent à l'heure, je frôle l'évanouissement et l'extase à son paroxysme. Chacune de mes cellules caressent la mort et le frisson qu'elle lui procure. Mon jeu macabre prend fin ce soir.

Cela fait des heures que je ne suis plus l'image que j'ai donnée de moi. Je suis redevenue celle que je suis, celle que tout le monde ignore. Pourtant, depuis tout ce temps, je suis sous leur yeux. J'ai agi dans l'ombre, j'ai chassé, j'ai attrapé et j'ai tué.

L'arme que je tiens, je la maitrise et je l'ai déjà utilisée. La pointe est posée contre son crâne, je pourrais l'abattre sans scrupule. Il n'y a rien dans mon cœur, seule la violence et le rouge prédominent.

Red me regarde comme si c'était la première fois. Il a raison, il me voit sous mon vrai jour. Ma vraie nuit intérieure. Tout est fait de rouge et de noir dans ma vie.

- Qu'est-ce que tu fais ? demande Red.

Je souris. Il a compris ce qu'il se passe, il n'a peut-être pas tous les éléments pour saisir ce qui m'a mené jusqu'à là, mais ses yeux ont enfin relevé le voile qui camoufle ma noirceur.

Logan a déjà subi ma sentence pendant des heures, il est épuisé, mais le son de cette nouvelle voit lui fait ouvrir les yeux. Je prends son arme des mains, il ne bronche pas. Je décide par la suite de faire un pas en arrière, m'écartant de Red, pour assouvir mon plan.

- Tu vas gentiment t'asseoir sur la chaise à côté de mon cher ami qui nous offre l'hospitalité, ordonné-je d'un ton ironique et ferme.

- Jia, tu...

- Silence ! Tu fais ce que je te dis, Red.

Il recule. J'avais placé préalablement une chaise à côté de Logan pour mon prochain invité de mon œuvre finale. Tout est calculé aux millimètres près. Nous sommes dans une pièce vide de la maison, qui sert de rangement.

Red m'obéit. Il s'assoit, et avec prudence, je viens l'attacher avec du scotch. Je m'assure qu'il ne bougera pas. Il se laisse complètement faire puisqu'il est dans un état second. Je sais à quoi il pense.

Non, je n'ai jamais été attaché à la chaise. Non, Myosotis ne m'a pas touché une seule fois puisqu'il est tombé dans mon piège. Oui, je les ai attiré dans cette maison pour un but précis. Oui, j'ai tué toutes les personnes en bas. Oui, j'ai torturé Logan / Myosotis. Oui, je fais partie de ces monstres qui rodent la nuit et qui tuent par pulsion. Oui, j'ai joué la comédie, avec tout le monde et depuis le début. Ai-je ressentis le moindre sentiment pour lui ?

- Tu excuseras les autres convives, prononcé-je en me relevant pour faire face aux deux hommes qui ont marqué ma vie, ils ne sont plus trop bavards.

Logan reprend à peine conscience. Cependant, Red entend très bien mes paroles. Ses yeux se couvrent d'une noirceur tempérique.

- Je peux savoir ce qu'il se passe ? reprend-t-il dès que sa voix lui revient.

- Rien que tu n'aurais pas pu deviner avant si je n'avais pas joué de mes charmes pour te faire tomber dans le piège.

- Je ne comprends pas.

- Tu ne comprends pas quoi ?

- A quoi tu joues ? s'inquiète-t-il

- Je mens, je me venge et je tue.

- Cerise, ça ne te ressemble pas.

Je ris.

- Tu n'as jamais su qui j'étais, lancé-je.

Ses yeux se perdent dans les miens. Logan a ouvert entièrement les yeux. Pour l'instant, le scotch le rend muet. Je me déplace dans la pièce, j'allume une petite lampe qui traîne sur le sol. Cela éclaire assez l'endroit. Très méticuleuse, je prends la table a roulette où j'ai posé certains de mes ustensiles. J'ai entreposé de l'alcool, un couteau et mon arme préférée : le scalpel.

A Fleur de peau et de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant