Je reste seule dans la pièce un très long moment. C'est difficile de se repérer dans le temps avec les yeux bandés. Mes larmes ont fini par sécher, je suis à présent très calme. J'attends. Je me sens vide, même mon esprit refuse de réfléchir.
Des bruits de pas résonnent au loin, en dehors de ma pièce. Est-ce lui ? Il revient ? J'écoute, le cœur battant. Lorsque la porte s'ouvre, je sursaute. Ma respiration est perturbée malgré ma volonté de vouloir rester calme.
La personne s'approche. Sa main se pose sous mon menton. Je me demande ce qu'il va se passer pour moi. Après un silence flippant, la personne défait le nœud de mon bandeau. J'ouvre les yeux lentement, les clignant plusieurs fois.
- Salut, Jia.
Je découvre l'endroit où je suis gardée. C'est bien une cave, en pierre et avec une petite fenêtre mais calfeutrée. J'en déduis qu'il fait nuit. Est-ce que vingt quatre heures ont passé ? Je suis totalement perdue.
Mes yeux s'autorisent à regarder l'homme qui s'est planté devant moi. Je lève les yeux au ciel en le voyant.
- Pourquoi es-tu là, Chrys ?
Il n'y a aucun sourire sur son visage, ma situation ne lui procure aucune satisfaction. J'aurais pensé le contraire. Il se décale pour se positionner à ma droite, il s'accroupit. Il tient une bouteille d'eau.
- Tu veux boire ? demande-t-il.
- C'est empoisonné ? Tu veux quelque chose en retour ?
- Non, je ne veux rien. Ce n'est pas un piège.
Je hoche la tête pour accepter son eau. Je prie pour pas qu'il ne me trompe pas. Chrys ouvre la bouteille et me fait boire. Il se montre calme, attentif. L'eau me fait un bien fou, je ne me rendais pas compte que j'avais si soif. J'avale une dernière gorgée avant qu'il m'en prive. Il pose la bouteille au sol, puis délicatement, il essuie l'eau qui a glissé sur ma peau et mon menton.
Ensuite, il sort un mouchoir. J'observe chacun de ses mouvements, je me méfie de lui comme de la peste. Il est ami avec Narcisse et Red, c'est un monstre comme les autres. Chrys l'humidifie et nettoie mon visage, j'imagine que mon mascara a dû couler. Je suis surprise mais ne montre aucune réaction.
- Je te repose la question. Pourquoi es-tu là ?
- Parce que Victoria veut que je prenne soin de toi, balance-t-il simplement.
- Donc tu fais ce qu'elle veut, je croyais que c'était le Jardinier qui demandait et les fleurs exécutait.
- Je ne vais pas le nier, rit-il. Ça arrive, cependant, qu'on soit tendre et attentionné.
- Je suis à deux doigts de rire, plaisanté-je avec ironie et colère.
- Nous ne sommes pas des saints, mais elles ne sont pas toutes soumises ou forcées.
- Tu ferais mieux de te la fermer.
Je n'apprécie pas son petit jeu à essayer de moraliser ces actes et ceux des autres. Comment pourrais-je croire en ce qu'il me dit avec ce que j'ai vécu ? Mon dos témoigne de leur violence, de leur barbarie. Mon chaos mental est la représentation de ce qu'ils font à toutes ces femmes.
- J'essaye de te faire comprendre notre monde, m'informe-t-il.
- Votre monde est merdique pour les femmes, ne dis pas le contraire.
- Je n'ai pas dit le contraire. Certaines sont forcés, certaines pleurent, mais d'autres jouissent de plaisir, de notre protection, de tout ce que nous avons.
- Et Red ne fait pas partie de cela ?
- Je ne suis pas ton Jardiner, tu n'es pas ma fleur. Si tu veux des réponses, c'est à lui que tu dois demander.
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A Fleur de peau et de sang
RomanceCe roman est dans le même univers que mes autres romans Une balle pour toi et Lucciani. Ils peuvent se lire séparément. Les personnages ne se croiseront qu'en mention. Warnings 🚨 : C'est une darkromance. Pour ceux qui ont lu mes autres romans, cel...