A Fleur de peau et de sang

42. Message mortel

PDV Erwin Rojas - Red

J'attends devant le manoir que Narcisse sorte de chez lui. Je n'ai aucune patience, surtout quand je dois rejoindre Jia. Je prends ma canette et bois une gorgée de coca. Je me demande ce qui lui prend autant de temps, il aurait dû sortir depuis quinze minutes.

Je quitte la voiture, heureusement que j'en ai plusieurs, ne pouvant plus contenir mon impatience. Je me passe d'une arrivée cordiale en frappant à la porte, j'entre directement. Un hurlement de douleur déchire mes tympans. Je n'arrive pas à déterminer s'il est féminin ou masculin. J'aurais dû me douter que s'il était en retard, ce fût parce qu'il jouait à ses petits jeux malsains.

- Narcisse ! gueulé-je pour qu'il pointe son nez.

J'attends dans le hall d'entrée. Je finis par entendre ses pas au loin au fond d'un couloir. Sa tête brune se pointe, il fronce des sourcils en me voyant. Ses yeux sont bercés d'une violence symphonique et de sang vengeur.

- Je te dérange peut-être ?

La réponse est oui, je le sais. Narcisse est dans un état presque second. Je vois ses mains tremblantes et sa poitrine plus agitée qu'à son habitude. Il ne répond pas, car il n'en est pas capable. Je me demande à quel stade il est. Sait-il qui je suis ? Il est totalement dissocié de la réalité, il faut juste que je le rappelle.

Je ne tente aucun rapprochement, il peut être dangereux, bien qu'il n'ai pas d'arme en main pour l'instant. Si j'ai bien appris un truc avec le temps, il a toujours un couteau sur lui. Un autre crie retentit, il cligne des yeux. L'homme est juste sous la peau de la bête.

- Tu as oublié qu'on devait sortir, lancé-je. Chrys et les autres nous attendent.

Narcisse me dévisage, il est concentré. Il essuie son front du revers de sa main, il est en transe. Son état me fait étrangement penser à Jia lorsqu'elle est en pleine transe artistique. Cette fois, il me regarde avec un peu plus d'humanité, enfin celle dont il est capable.

- J'ai oublié quoi ? demande-t-il légèrement paumé.

- Nous devons rejoindre la petite Cerise.

Ses yeux s'éclairent, il est définitivement revenu à lui-même.

- Merde ! gronde-t-il. C'est Jia, son expo ?

Je fronce les sourcils en l'entendant parler. Ce qui est sûr, c'est que l'homme a chassé la bête. Je me permets de me détendre. Je ne suis plus sur mes gardes. Je le dévisage.

- Quoi ?

- Tu l'as appelé par son prénom, prononcé-je ahuri, ça fait bizarre.

- Ne lui dit pas, elle serait trop contente. J'ai combien de temps de retard ?

- Pas grand-chose, mais il faut y aller.

Narcisse hoche la tête. Au même instant, j'entends un autre crie venant du labyrinthe de couloir de son manoir. Le bruit lui rappelle qu'il a un problème à régler.

- Laisse-moi juste vérifier que les cordes sont bien serrées, lance-t-il en tournant les talons.

- Je t'attends dans la voiture.

Il me fait un signe de main. Je sors du manoir pour retourner dans la voiture. J'envoie un message à Jia pour la tenir au courant, mais je n'obtiens pas de réponse. Je n'ai pas le temps d'y penser puisque Narcisse fait son entrée dans la voiture. Je lui jette un coup d'œil avant de démarrer.

- Tu as du sang au coin de tes lèvres, murmuré-je.

Il émet un grognement et il passe grossièrement son pouce sur le coin de ses lèvres.