A Fleur de peau et de sang

35. Tes yeux

Le feu.

J'ouvre les yeux en sursaut. Une douleur terrible m'irradie le dos. Je suis totalement en panique. Je me redresse et cherche quelque chose de familier. On me serre la main, je tourne la tête surprise.

Red est là.

- Hé, Cerise, tout va bien.

- La voiture, prononcé-je en tremblant. La voiture... elle...

- Tu es en sécurité, nous sommes à l'hôpital.

Je le parcours des yeux à la recherche de blessure. Il a du sang sur le crâne, le visage un peu rouge, mais rien de grave. J'ai chaud. Pour ma part, je n'ai pas l'air d'avoir été brûlé. J'ai juste mal à la tête et au dos.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi la voiture a-t-elle explosé ?

- Laisse-moi appeler l'infirmière qui s'occupe de toi et on en parle après.

Je hoche la tête. Je déteste les hôpitaux, cela me rappelle tous les examens que j'ai passés après qu'on est retrouvé au milieu des fleurs un mois après ma disparition. Red embrasse mon front et lâche ma main pour interpeller une personne dans le couloir.

Je me retrouve avec deux femmes du personnel médical qui vérifient mes constantes. Elles me posent toutes sortes de questions, puis concluent que je vais bien. Red surveille la scène de son fauteuil.

Plus tard, les deux femmes quittent la pièce. Elles m'ont annoncé que je resterai ici pour deux jours d'observations. Aussitôt, seule, je descends de mon lit.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Red se lève à son tour. Mon haut est cramoisie, je sens le cramé. Je rêve d'une douche et de calme. Je file vers la porte.

- Stop ! Tu comptes aller où ?

- Je rentre chez moi.

- Tu dois rester en observation, gronde-t-il.

- Je rentre ! insisté-je.

- Tu vas obéir et retourner dans ce lit, Cerise.

- C'est toi qui cause tous mes problèmes. Maintenant, tu me laisses partir !

Red a le même regard déçu quand je lui crie dessus. Nous avons tous les deux le sentiment d'avoir fait dix pas en arrière, voire vingt. Je suis encore affaiblie par les séquelles de l'explosion, Red me fixe à présent avec un mélange de colère et de détermination.

- Je te demande de rester pour ta santé et sécurité.

- Red, je ne peux plus rester ici ! crié-je. Je ne veux pas être prisonnière de cet endroit, à être observée comme un animal en cage. Je hais cet endroit plus que toi.

- Wow, Cerise. Tu veux jouer les grandes dames ! Laisse-moi te dire que tu es ridicule. Tu as reçu un choc à la tête ! Les médecins savent ce qu'ils font. Ils veulent te protéger, te donner toutes les chances de guérir. Je veux aussi te protéger.

- Protéger ? craché-je avec mépris. Où était ta protection quand cette explosion a failli nous tuer ? Tout est de ta faute, depuis le jour où j'ai croisé ton chemin. Je ne resterai pas ici à attendre que quelqu'un d'autre décide de mon sort.

Red s'avance vers moi, son regard plein d'exaspération. Je recule soudainement, effrayée par son air très en colère contre moi et contre les évènements de cette nuit. Tout déraille, c'est n'importe quoi.

- Tu penses que tu peux tout régler seule ? Tu crois que tu peux combattre tous les dangers qui nous guettent ? Regarde-toi, Jia, tu es encore en train de t'en remettre !