18. Je fuis sans arrêt

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Je me réveille en sursautant, le front en sueur comme si je sortais d'un cauchemar, sauf qu'il ne vient que de commencer. Mon premier réflexe, avant même de savoir où je suis, est de vérifier si je porte bien mes vêtements. Ils sont parfaitement à leur place.

Je retire la veste qu'il y a sur moi, m'éveillant tranquillement. Je n'ai plus mal au dos, le matelas est confortable. Je m'assois sur le lit où j'ai été allongé visiblement. Ils m'ont sorti de la cave. L'endroit ne m'est pas familier. Bonne nouvelle, je suis seule dans la chambre. Suis-je dans cet endroit depuis le départ ?

Qu'est-ce que je fais ? J'ai peut-être l'occasion de fuir. Il y a une fenêtre, il faut que j'aille voir si je peux sortir. Je m'apprête à passer à exécution, lorsque mes yeux repèrent sur la table de chevet un plateau repas. Mon estomac me crie de manger. Je prends le verre et le bois cul-sec. Mon Dieu, ma bouche était si sèche. J'attrape le hamburger et croque à pleine dents. Je mange et mange encore.

Un bruit retentit dans le couloir, je me tétanise. Putain, j'ai tout oublié pour de la nourriture. J'avais tellement faim. Il y a un tout petit mot sur une carte blanche avec le dessin d'une fleur de cerisier : « Mange et fais attention à tes genoux. Red. ». Je remarque seulement maintenant que ma robe est relevée au-dessus de mes genoux. Je constate alors les pansements qui couvrent les blessures que je m'étais faite en tombant.

- Quel connard ! Qu'il aille soigner ses autres fleurs !

Qu'est-ce qu'il m'énerve ! Il faut que je me tire d'ici. Je file vers la fenêtre. Mon espoir s'éteint en voyant comment sont faites les fenêtres. Bordel, je suis dans une cage ! Ce sont de simples vitres ! La vitre en face de moi ne s'ouvre pas. Mais qui fait ça ? Une partie de moi à la réponse, c'est pour que les proies ne puissent pas s'enfuir. Je suis la souris dans le terrarium des serpents.

Il va falloir que je passe par la porte pour sortir. Chose que je sais maintenant, je suis au rez-de-chaussée, mauvaise nouvelle, la maison est entourée d'arbres. Je semble être sur une propriété privée. A contre coeur, je me dirige vers la porte de chambre. Je suis tendue, mais surtout pied nue. Mes pieds sont gelés et je risque de devoir courir, j'ai déjà mal.

Et si je tombais sur lui ? L'image mentale que je me suis faite de Red apparaît dans mon esprit. J'appuie sur la poignée le plus doucement possible. Et s'il était derrière la porte ? La peur me retourne l'estomac. Les cheveux noirs, les yeux bleus, le visage fin et les épaules larges, le portrait est intact sur la toile de mon esprit.

La porte est ouverte, mais le champ est libre. Le long couloir qui s'offre à moi est gigantesque. Où suis-je ? Je prie pour être encore à Dallas. J'y réfléchirai plus tard, la première décision que je dois prendre, c'est : droite ou gauche ?

- Partons pour droite, soufflé-je.

Je m'engage dans la direction. J'ai l'impression d'être dans un manoir hanté. De la musique est diffusée dans la maison, je me rapproche de la source. Ce n'est pas vraiment bon signe, Red se trouvera peut-être pas très loin. Je longe les murs dans la crainte que quelqu'un surgisse. Très vite, je me trouve à une nouvelle intersection à trois directions. Je suis dans le manoir de l'enfer.

Je réfléchis. La fenêtre de ma chambre semblait donner sur l'arrière, j'ai tourné à droite, donc dans l'idée, je pars à gauche. C'est un labyrinthe maléfique. J'imagine à peine à quoi doit servir cet endroit.

J'arrive près d'un salon. Je me fige en voyant l'homme aux cheveux noirs, Red. Ça ne peut être que lui. Heureusement pour moi, il est de dos, assis sur le canapé. La pièce est vide, il n'y a personne d'autre. Chrys doit être dans les parages, possiblement avec d'autres hommes.

Et si je m'approchais et que je lui...

Rouge.

Je panique, il faut que je me tire. Je recule en ne le quittant pas des yeux. Plus loin, je me retourne pour emprunter un autre chemin.

A Fleur de peau et de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant