A Fleur de peau et de sang

25. Fais-moi mal

Le monstre rôde en ville, dans les petites rues. Il guette pour saisir l'occasion de m'attraper. Il ignore que je l'ai vu. Je le guide gentiment sur mon terrain de jeu. Moi aussi, je sais chasser. Je deviens la proie pour l'attirer et le tuer.

J'entre dans mon immeuble, grimpe lentement les escaliers pour lui laisser le temps de me suivre. En ouvrant la porte, j'attends.

Jusqu'à ce qu'il me pousse violemment. Il entre chez moi de force. Je suis tétanisée. Ses mains sont puissantes, exactement comme je les avais imaginées. Il me plaque contre le mur, il caresse mon dos à travers mon haut.

- Cerise.

- Red, soufflent mes lèvres perverties.

- Tu es belle.

- Mon dos... mon dos...

Il m'en faut plus. Je veux qu'il se dépêche. Sa main prend la mienne et me tire vers le piano qui traine dans le salon. Il me penche dessus, plaqué contre le ventre. Le haut que je porte est déchiré, libérant ma peau nue.

Ses lèvres embrassent ma chair, j'ai l'impression de saigner, d'être ouverte à vif. Je rêvais qu'il embrasse mon dos. Mon corps brûle. Il relève ma jupe et me baise contre ce piano en appuyant sa main sur mon dos. Il est tout à lui. C'est bon, c'est affreusement bon, c'est démoniaque.

- Red...

- Ce n'est pas Red.

La voix est différente, je panique. Je lève la tête tant bien que mal. Red est en face, il me regarde. Son visage est froid, distant. L'orgasme me torture et menace d'exploser entre les cuisses. Maintenant, c'est la crainte qui domine mes actes. L'inconnu derrière moi me maintient en place, continuant ses va et vient. Je hurle.

- Lâche-moi !

Les larmes chaudes roulent le long de mes joues.

- Red... Je t'en supplie...

Mais rien ne vient sauf l'orgasme non désiré qui se répand en moi. La dernière fois que que je vois, ce sont les fleurs qui m'entourent.

Je me réveille dans une violence terrifiante. L'orgasme de mes cauchemars est bien réel, c'est lui qui me réveille, convulsant mon corps. Je pleure à chaud larmes, je suis en panique, incapable de savoir où je suis et ce qui m'arrive.

- Cerise ! Je suis là !

- Ah !

Des mains attrapent ma taille et tente de m'immobiliser dans ma folie. Cerise. Red. J'arrête de bouger, observant ce qui est autour de moi. Je suis dans ma chambre, ma lampe de chevet est allumée, Red est assis sur le bord de mon lit.

Je m'assois à mon tour, essayant de remettre mes idées en place. Red se charge d'essuyer mes larmes. Mon cœur est au bord de l'arrêt cardiaque.

- Qu'est-ce qui peut bien te faire pleurer ? murmure-t-il avec une tendresse déroutante.

- Red... Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je te rendais visite.

Cela fait une semaine que je ne l'ai pas vu. Après le restaurant, il m'a raccompagné et s'est volatilisé. Nous avons trop joué avec le feu. Personnellement, j'avais besoin de respirer. J'ai fait n'importe quoi ce soir-là. Il m'a envoyé des messages, mais je n'ai répondu à rien.

- Je ne t'ai pas vu de la semaine et tu débarques en pleine nuit, reproché-je à contre-coeur et encore sous l'effet de la panique.

- T'ai-je manqué, Cerise ?