A Fleur de peau et de sang

46. La dernière partie va démarrer

En plein milieu de la terrasse extérieure, je peins. Ma toile est au sol, avec tous mes pinceaux. J'ai élaboré une représentation du jardin, avec toutes les fleurs et couleurs qu'il y a. J'ai été très calme et sereine. Cette villa, cet endroit m'inspire dans le bon sens. Je n'ai pas utilisé de couleur foncé, ni dessiner des corps, ni utiliser mon rouge favori. Il y a quelque chose qui était planté dans ma poitrine et qui s'est envolé, me libérant de son emprise.

J'ajuste mon tableau en ajoutant quelques couleurs sur les endroits secs. Ma playlist est jouée en continu dans la villa, les gardes doivent en avoir marre. Il y en a deux qui sont postés juste devant moi, comme deux chiens de gardes. Je leur ai fait choisir les couleurs pour peindre les fleurs avec du jardin avec le peu d'espagnol que je connais. Au début, ils ne voulaient pas me répondre, Red leur a interdit. J'ai dû les menacer pour qu'il m'accorde des hochements de tête. Cela m'amuse de les voir figer comme des statuts.

Soudain, les deux gardes changent de position, s'arquant vers le côté de la maison. Un bruit de voiture se fait entendre. Je regarde dans la même direction qu'eux avec une pointe de stress. C'est seulement quand le gardes au loin fait signe que tout va bien que je me détends. Cette villa m'a éloigné de tous mes problèmes, mais dans ce genre d'instant, je panique et j'ai peur de voir Myosotis débarquer.

Il va falloir rentrer un jour. Ma vie est là-bas et je doute sincèrement que Myosotis arrête son élan meurtrier. Il finira par venir ici, si nous ne revenons pas. Avec Red, nous ignorons encore si nous voulons jouer sur son terrain ou le notre. L'attirer jusqu'au Guatemala est une bonne idée, sauf si on pense à toutes les personnes susceptibles d'être corrompu facilement. Une part de moi sait que nous rentrerons bientôt à Dallas et que nous entrerons dans la phase terminale de notre histoire. Je ne sais pas si j'ai le cœur à jouer ma dernière partie de jeu.

Au loin, Red apparaît en compagnie d'un homme. Il porte chacun une mallette. Je me délecte de la vue qu'il m'offre toujours assise sur mon sol. Cet homme a un goût vestimentaire raffiné, entre élégance et sophistication, et j'adore ça. Aujourd'hui, il a opté pour une chemise en lin blanche crème et un pantalon chino marron. Sa ceinture est accordée au même couleur, tout comme ses chaussures.

Pourquoi est-il si beau ?

L'homme à ses côtés est baraqué, la peau nettement plus mate, avec un air dangereux. Son short et sa chemise ne dévoile que les détails d'un homme puissant. Je consulte l'attitude de Red et il est extrêmement détendu, ce qui me laisse penser qu'il a totalement confiance en cette personne. Je continue de l'explorer visuellement. Il se tient droit, comme un militaire. Cependant, ses cheveux sont longs, bruns et attachés en chignon, lui donnant tout de même un air cool.

Ils arrivent sur la terrasse couverte et entrent directement dans le salon, mais aucun d'eux ne me remarque dans l'immédiat. Je suis un peu caché par les gardes et la table ronde à côté de moi. J'attache mes cheveux à l'aide d'un de mes pinceaux secs et je me lève.

Leurs deux paires d'oeils me ciblent directement, comme s'ils avaient des détecteurs de mouvement. Red lui murmure quelque chose avant de me faire signe d'approcher. Je me sens un peu intimidé, à la fois parce qu'il me fait rencontrer un homme et de l'autre parce que je porte un short noir qui se voit à peine et une de ses chemises que j'ai tâché de peinture.

Bref, je ravale ma timidité pour l'approcher. J'entre dans le salon, hésitante, je viens me loger tout près de lui. Son bras entoure ma taille. L'homme en face sourit en voyant ce geste.

- Donc tu n'as pas menti, tu t'es enfin casé ! lance l'homme mystère.

Red et moi pouffons de rire à ce commentaire.

- J'ai choisi la monogamie, je sais, c'est surprenant.

- C'est ta mère et ton père qui vont être contents, leur chouchou est enfin calme.