Hister-Moons - Tome 1 - L'Élue

Chapitre 10 - Trahison

« Es-tu satisfait maintenant que tu as un plan ? Mais oui... ne crains rien... Tout va bien se passer... Tes acolytes ne vont pas te décevoir... tu n'as aucune raison de douter de leur fidélité... Au contraire, ce sont eux qui devraient douter de la tienne... »

***

Ce fut avec bonne humeur que je me réveillai ce matin, plus aucun cauchemar d'araignées ne hantant mes nuits depuis quelques jours. Quelle agréable sensation que de se sentir libérée de toute inquiétude ! Je me levai pour ouvrir les rideaux roses de ma chambre, profitant de l'agréable lueur chaleureuse qui pénétrait dans ma chambre, puis je me préparai tranquillement, savourant chaque détail. Je descendis ensuite dans la salle à manger où tous étaient déjà levés si ce n'était Sinistra.

— Eh bien, tu es la dernière ce matin, Elena, annonça Angela avec une pointe de taquinerie.

— La dernière ? Où est Sinistra ?

— Elle est partie tôt ce matin car le capitaine requérait sa présence pour quelque chose.

— Quelque chose ? répétai-je en fronçant les sourcils.

— Je n'en sais pas plus. Sinistra m'a juste dit cela et je n'ai pas eu le temps de l'interroger. Elle est partie précipitamment, sans prendre de petit-déjeuner ; je n'ai même pas réussi à lui préparer quelques tartines pour le trajet.

Tout ceci ne me faisait guère plaisir et j'avais hâte que Sinistra rentre pour en savoir davantage. Heureusement que nous nous étions accordées pour nous prévenir les unes les autres dans ce genre de situations... Jamais une matinée ne passa aussi lentement et jamais je ne fus aussi contente que de voir mon aînée rentrer à la maison. Ma joie fut cependant de courte durée car Sinistra abordait un air maussade et je l'interrogeai alors qu'elle enlevait ses bottines à talons.

— Alors ? Que s'est-il passé ?

— Rien, fit Sinistra sans me regarder.

Même pas une remarque vantarde ou cinglante. Seulement une moue qui ne lui ressemblait guère. Peut-être aurait-elle préféré que je n'insiste pas davantage mais je décidai de l'aborder autrement :

— Qu'as-tu fait ce matin ?

— Tu ne remarques mon absence que maintenant ? répliqua Sinistra, sans aucune logique avec ce que je venais de dire, alors qu'elle se dirigeait vers l'escalier.

— Mais non, je le sais depuis que je suis levée. Je souhaite juste savoir ce que tu as fait ce matin ; Angela m'a dit que le capitaine avait quelque chose d'important à te montrer.

— Il n'y a rien eu. Maintenant, si tu veux bien me laisser tranquille, je vais à mon laboratoire.

Sinistra passa devant moi pour s'engager dans l'escalier et, contre toute attente, elle le descendit. Je restai muette de stupeur pendant quelques instants avant de reprendre :

— Sinistra... Ton laboratoire est à l'étage.

Elle ne me répondit pas, se contentant de remonter l'escalier pour se rendre à l'étage, grimpant machinalement les marches une à une en traînant des pieds.Totalement anormal. Stupéfaite, je la regardais quelque temps sans bouger jusqu'à ce qu'une petite voix dans mon esprit m'incite à m'infiltrer dans ses pensées pour comprendre ce qu'il se passait. Je refoulai néanmoins cette idée bien vite, pressentant que cela ne ferait qu'empirer la situation en la froissant. Je choisis plutôt d'en parler avec Angela qui plantait dans le jardin des bulbes de dahlias.

— Angie, je viens de croiser Sinistra qui vient de rentrer et elle ne me semble pas dans son état normal...

— Qu'est-ce qui te fait croire cela ? demanda Angela, relevant les yeux de ses fleurs.