Chapitre 19 - Partie 4 - Ultime combat

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Angela était allongée par terre, semi-consciente, à bout de souffle, meurtrie par le violent coup qu'elle venait de recevoir. Une terrible douleur irradiait son épaule ensanglantée et elle y porta sa main pour la soigner, avant de se rendre compte que c'était inutile. Le lieutenant était penché juste au-dessus d'elle, prêt à porter le coup final.

***

NON... Arachtus et moi l'avions hurlé en même temps. Je ne vis plus rien et mon esprit fut brutalement expulsé du sien. Je découvris le dieu, face à moi, qui me jetait des regards affolés :

— Qu'as-tu fait ?

Je restai silencieuse, sous le choc des souvenirs que je venais de découvrir. Aucun récit oral ou écrit ne pouvait être plus horrible que les souvenirs en images que je venais de voir. Ce fut la transmission mentale de Kyle qui me ramena à la réalité :

— Elena, qu'as-tu vu ? Tu as trouvé une faille ?

Il me fallut quelques instants pour reprendre mes esprits et je bredouillai :

— Oui... une illusion... Il faut lui infliger une illusion. En faisant revivre ce souvenir.

Je transmis à Kyle le douloureux moment de la mort de Cléa et, après quelques instants, il me répondit :

— D'accord. Tu vas jouer Cléa, mais sans me toucher.

— Quoi ?

Mais il avait déjà quitté mon esprit, sans fournir davantage d'explications. En face de moi, Kyle avait disparu et, à sa place, se trouvait Arachtus, jeune, un poignard à la main. Je jetai un regard affolé en direction du vrai Arachtus : il était toujours là, debout, et me regardait avec incrédulité. Une brise de vent souffla dans mes cheveux et je découvris avec stupeur qu'ils étaient devenus longs et d'un blond ambré, tandis que je portais une pâle robe ensanglantée. Les armées d'Hister, Terrumbra et Moons s'étaient volatilisées pour être remplacées par de simples citoyens. Des habitants de Laïa. Seules les araignées robotisées étaient restées. Il ne m'en fallut pas plus pour comprendre ce que Kyle voulait faire : j'étais Cléa et je devais reproduire ses gestes et paroles.

Arachtus était horrifié par la scène qui se dressait devant lui. À la place d'Elena, il y avait une petite fille blonde, en tout point identique à Cléa. Un regard triste et suppliant dans des prunelles bleu azur, un visage ensanglanté, des longs cheveux blond ambré entremêlés qui retombaient sur une simple robe blanche souillée. Mais, le pire, c'était l'autre personne. Lui, quand il était jeune, un poignard à la main. Le même poignard que celui qu'il avait porté lorsqu'il avait assassiné sa sœur. Celui que Malefik lui avait donné. Celui qui lui faisait désormais tant horreur...

Après avoir jeté un bref regard à Arachtus qui semblait tétanisé par nous, je me dirigeai vers le jeune Arachtus. Me rappelant la deuxième consigne de Kyle qui faisait enfin du sens dans mon esprit chaotique, j'instaurai tout autour de moi un champ de force très fin. Je saisis la main de mon ami déguisé, qui avait lui aussi instauré un champ de protection semblable au mien. Tentant de reproduire au mieux les intonations de Cléa, je soufflai :

— Ardalis, je t'en prie, arrête ce désastre.

Arachtus se sentit parcouru d'horribles frissons lorsqu'il entendit la voix de sa petite sœur. Non, elle ne pouvait pas être sa sœur. C'était impossible ! Lorsqu'Ardalis se retourna vers la petite, le dieu eut un haut-le-cœur devant cette attitude méprisable, qui avait pourtant été la sienne vingt ans auparavant. Le malaise du dieu s'accrut lorsque sa réplique répondit à la fillette d'un ton exaspéré :

— Mes choix ont déjà été faits et je ne peux plus y renoncer. Quand vas-tu réussir à le comprendre ?

— Je ne peux pas croire que mon propre frère puisse être aussi cruel... Maman ne t'a pas élevé ainsi.

Hister-Moons - Tome 1 - L'ÉlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant