Chapitre 5 - Partie 3 - Liberté

104 18 171
                                    

Je la vis porter le gâteau à sa bouche, le temps me sembla ralentir, mais pas assez pour que je pusse intervenir et l'empêcher de commettre une telle erreur. Elle mordit dans la pâte du gâteau qui s'aplatit légèrement et, à côté de moi, Sinistra s'étrangla :

— Mais que fait-elle ?

***

J'étais tout aussi tendue qu'elle et le seul point positif fut que les deux soldats saisirent à leur tour une pâtisserie, l'un des deux commentant :

— C'est vrai qu'ils ont l'air délicieux. Merci, Votre Majesté.

Tous deux croquèrent dans les gâteaux et il ne fallut que quelques instants avant qu'ils ne tombent dans un profond sommeil, alors qu'Angela se tenait toujours debout devant eux. Sinistra et moi nous échangeâmes un regard étonné avant de sortir de notre cachette pour rejoindre Angela.

— Quel était ce gâteau que tu as mangé, Angie ?

— J'en ai préparé un où il n'y aurait pas de potion, sourit Angela, de toute évidence fière de sa ruse. Ainsi, je pouvais montrer l'exemple. Et manger un gâteau aussi !

— Quelle cachotière !

Angela grimaça devant l'appellation de Sinistra et je devais avouer qu'une telle stratégie ne lui ressemblait guère. Nous n'avions cependant pas le temps de nous en préoccuper davantage et je m'agenouillai aux côtés de l'un des gardes pour y prendre les clés attachées à son uniforme. Je me relevai et enjambai leurs corps endormis pour ouvrir la grande porte. Nous arrivâmes dans un hall d'entrée peu chaleureux, avec un sol en carrelage grisâtre, et où se trouvaient seulement deux bureaux mis en face à face, symétriques par rapport au long couloir sombre qui prolongeait la pièce. Plusieurs panneaux d'affichage étaient accrochés aux murs, tous recouverts de feuilles blanches aussi semblables les unes que les autres, et je finis par remarquer un grand coffre en bois derrière l'un des bureaux. Je me dirigeai vers lui et, constatant qu'une serrure métallique le verrouillait, je saisis le trousseau de clés pour y trouver la bonne. Je l'ouvris pour y découvrir une centaine de clés fixées aux parois auxquelles étaient accrochées des étiquettes numérotées. Je saisis celles aux numéros 78 et 80 puis refermai le coffre.

Tandis qu'Angela restait dans le hall pour faire le guet, Sinistra et moi nous engageâmes silencieusement dans l'obscurité du couloir. De part et d'autre du chemin grisâtre encore plus inaccueillant que le hall d'entrée, se trouvaient les cellules ; celles de gauche aux numéros impairs possédaient des barreaux, si bien que nous pouvions apercevoir les prisonniers à l'intérieur, tandis que celles de droite aux nombres pairs abordaient une porte métallique close. Je ne parvenais à détecter le bout de l'allée assombrie, mais il y avait fort à parier que l'escalier menant au sous-sol se trouvait en cette direction. Je me focalisai sur les cellules aux portes closes, regardant avec attention leurs numéros. Cellule 20... 36... 52... 68... 74... 76... 78. Nous y étions.

Kurt était normalement enfermé ici, à moins que ce ne fût Kyle car Angela n'était plus sûre. Sinistra me tendit deux gâteaux, je les saisis et elle s'éloigna avec le panier pour continuer la longue allée. Veillant à ne pas faire le moindre bruit, j'insérai la clé dans la serrure pour la tourner tout doucement. Il y eut un léger déclic, je poussai discrètement la porte, qui par bonheur ne grinça pas, et j'entrai dans la cellule. Ni éclairage, ni fenêtres. Je ne distinguais même pas de meubles dans cette pénombre ; en fait, il n'y en avait pas. Seulement deux silhouettes, l'une debout, l'autre avachie contre le mur opposé. La première se tourna brusquement vers moi et dès que j'aperçus la lance qu'elle tenait dans sa main, je projetai dans sa direction une vague d'énergie. Le garde fut projeté contre le mur, mais avant qu'il ne le heurte, j'instaurai un champ de force opposé. Sans un bruit, il retomba sur le sol, évanoui. Je me dirigeai vers lui et le forçai à avaler l'un des gâteaux.

Hister-Moons - Tome 1 - L'ÉlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant