Il pleuvait, et le staccato de la pluie martelant la fenêtre, par vagues plus ou moins violentes, selon les humeurs du vent, avait un effet apaisant sur Joseph. Allongé sur son lit, les bras croisés derrière la tête, il écoutait cette berceuse naturelle avec une certaine nostalgie. L'orage, lui, s'éloignait progressivement. On n'entendait plus que le roulement lointain du tonnerre, emporté par le vent. Il avait toujours aimé le son de l'orage, un symbole important de sa culture, un rappel de la divinité de ses ancêtres.
Tandis que le jour se levait, le ciel changeait de couleur et l'obscurité laissait sa place à une lueur grisâtre. Il s'assit sur le bord de son lit et observa la pluie qui dégoulinait le long de la fenêtre, formant de petites rivières sur la vitre.
Joseph aime la pluie matinale, cette sensation qu'elle lave les péchés, la crasse et la misère de la nuit. Il se lève paresseusement, s'étire et s'approche de la fenêtre pour contempler la ville qui s'éveille. Les gens pressés, dynamiques, tristes, déprimés ou déjà fatigués de leur journée, les employés, les patrons et les étudiants, les yeux encore empreints de fatigue, marchent rapidement sur les trottoirs, s'alignent aux arrêts d'autobus ou s'engouffrent dans la station de métro au coin de la rue. Le trafic automobile prend doucement de l'ampleur.
De son point de vue au quatorzième étage, il a une vue imprenable sur le centre-ville et la marina. En bas, dans un grand parc au bord du fleuve, il observe les flashes rouges et bleus des voitures de police sans leur accorder plus d'attention. Pour lui, ce sont des détails de la vie urbaine qui n'interfèrent pas avec sa quiétude matinale.
Par une journée ordinaire, Joseph aurait flâné dans la cuisine en préparant un copieux petit déjeuner composé de deux œufs, saucisses, pommes de terre, yaourt, jus d'orange et plusieurs tasses de thé. Mais ce jour-là était différent, conscient de l'approche de son anniversaire dans deux jours. Il savait qu'il devait se préparer et suivre son rituel habituel. Il se contenta donc d'un simple bagel nature et d'un verre de vin.
Une fois sa maigre vaisselle lavée, Joseph se dirigea vers la salle de bain et prit une longue douche pour éliminer toute trace de la moiteur nocturne. En se regardant dans le miroir, il examina son visage avec attention, cherchant des rides, des pattes d'oie ou des traces de cheveux gris dans sa chevelure couleur aile de corbeau. Il resta ensuite un long moment à se contempler, toujours surpris de ne voir aucune marque du passage des années sur son corps. D'une taille moyenne, légèrement bronzé, ni mince ni gros, il avait un physique passe-partout, un visage que l'on ne remarquait pas facilement.
Il gagna ensuite sa chambre, laissant la serviette autour de sa taille tomber par terre lorsqu'il enfila un pantalon de toile et une chemise. En se dirigeant vers l'entrée de son appartement, il enfila une veste imperméable, attrapa son parapluie et sortit. Dans l'ascenseur, les échanges avec les autres occupants se résument à un simple bonjour, avant que chacun ne replonge dans ses pensées, préoccupé par les tâches de la journée à venir, des conversations à mener, des réunions à tenir, ou encore en établissant mentalement une liste de choses à faire en sortant du travail en fin d'après-midi ou en préparant déjà le menu du repas du soir.
Sortant de la cabine de la l'ascenseur, chacun accélère le pas pour se jeter dans la rue et s'insérer dans la circulation urbaine, au milieu d'une foule de piétons aux visages apathiques. Les pas se font pressés, les regards sont vides, les visages reflètent l'indifférence quotidienne de la routine urbaine. Les passants semblent emportés par le flux incessant de la ville, tous absorbés par leurs propres pensées, préoccupations et empressements. Certains marchent tête baissée, les épaules rentrées, se protégeant du vent glacial venu du fleuve. D'autres gardent le regard fixé au loin, comme si le paysage urbain familier ne les intéressait plus. L'averse persistante n'aide pas à égayer l'ambiance, et la pluie ruisselle sur les trottoirs, créant des flaques d'eau qui reflètent les néons des enseignes commerciales.
![](https://img.wattpad.com/cover/348015441-288-k619561.jpg)
VOUS LISEZ
It ends with us
Misterio / SuspensoLe Lieutenant Fogelberg se retrouve confronté à des crimes aussi horribles qu'insaisissables : une femme pendue dans un parc, un homme crucifié dans un motel... Aucun indice ne permet de mettre la main sur les coupables, et l'enquête semble s'enlise...