Fogelberg jeta le livre qu'elle était en train de lire sur le lit, quand une nausée la saisit subitement, elle sentit la bile faire une montée en force. Se précipitant hors du lit, elle se hâta vers la salle de bains, refermant la porte derrière elle juste à temps avant que son estomac ne se vide dans les toilettes. Quelques secondes plus tard, Joseph frappa à la porte, inquiet.
« Sarah, ça va ? » demanda-t-il d'une voix préoccupée.
Elle fait de son mieux pour se nettoyer la bouche et se gargariser avec du rince-bouche. « Ouais, ça va », répondit-elle en crachant le liquide mentholé. « Juste une nausée passagère. »
Joseph la regarda attentivement, soucieux. « Tu penses que c'est quelque chose que l'on a mangé ? La viande n'était pas assez cuite ? » essaya-t-il de comprendre, se demandant pourquoi il n'était pas affecté, étant donné qu'ils avaient mangé la même chose.
« Non. Je ne pense pas. Tout semblait correct », répondit-elle d'une voix rassurante.
« Tu as besoin de quelque chose ? Veux-tu aller à l'hôpital ? », demanda Joseph, inquiet.
« Mettius, tu es adorable, mais je vais bien, je t'assure », répondit Sarah en souriant.
« D'accord », acquiesça-t-il.
Fogelberg resta à proximité de la cuvette jusqu'à ce qu'elle se sente suffisamment bien pour vérifier quelque chose. Dans sa trousse de toilette, elle récupéra une boîte achetée à la pharmacie quelques jours plus tôt. Assise sur les toilettes, elle attendit le résultat du test qui ne demandait que quelques minutes. Lorsqu'elle reprit le stylet, elle ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes en regardant l'affichage : +
En sortant de la salle de bain, elle rejoint Joseph dans le salon. S'asseyant à ses côtés, elle posa sa tête sur son épaule.
« Tu te sens mieux ? », demanda-t-il avec une véritable sollicitude dans la voix et dans le regard.
« Dis-moi Mettius », interrogea-t-elle, maintenant sa main sur son ventre. « Question purement hypothétique, que penses-tu de Luc ou Matthieu comme prénom ? »
« Quelle étrange question », commenta Joseph, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres.
« Pour une fille, j'aime beaucoup Lucie », ajouta-t-elle en souriant doucement.
Se tournant, Joseph vit qu'elle se tenait le ventre, ce qui le fit comprendre sans vraiment comprendre.
« Est-ce que... est-ce que tu es enceinte ? Mais... Comment ? », balbutia-t-il, perplexe.
« Faut-il vraiment que je t'explique comment on fait des bébés, Mettius ? On ne vous a pas enseigné ceci dans la Rome antique ? », répondit Sarah, un brin taquine.
« Mais... Enfin, je ne peux pas. Je n'ai jamais... », continuait-il, déconcerté par cette situation improbable. Pourquoi, après deux mille ans ?
« Un cadeau de Dieu, c'est ainsi que je le prends, Mettius », dit Sarah avec sérénité.
« Je vais probablement regretter cette question, mais c'est moi... c'est... », bafouilla Joseph, cherchant ses mots face à l'irrationalité de cette situation. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ?
« Mettius, je suis vierge, dans un sens. Je n'ai jamais eu de relation depuis... depuis », expliqua-t-elle.
Décontenancé, Joseph se leva brusquement et se dirigea vers la cuisine. En trois pas, il saisit un couteau et s'entaille le bras. Sarah le rejoignit, anxieuse, alors que Joseph observait son bras saignant, qui ne cicatrisait pas.
« Cela met plus de temps à cicatriser que la dernière fois, n'est-ce pas ? », demanda-t-elle d'un ton préoccupé. « Mettius? » demanda-t-elle alors qu'il ne répondait pas.
« En effet. Ça devrait déjà avoir cicatrisé, avant même que tu ne te lèves », répondit Joseph, perplexe.
Joseph posa à nouveau le couteau sur son bras, prêt à s'entailler de nouveau, quand Sarah posa doucement sa main sur le dos de la lame.
« Mettius, s'il te plaît. Regarde-moi », lui dit-elle avec douceur. Il leva les yeux vers elle. « C'est fini. Ton voyage est fini. Nous allons avoir un enfant, et tu vieilliras à mes côtés en le ou la regardant grandir.
— Sarah... J'ai besoin de comprendre. Deux mille ans, j'estime que ça mérite une réponse », insista Joseph.
« Quelle réponse ? Tu as tué Judas, celui qui a vendu Jésus, tu m'as rencontrée, moi qui ressemble à ton premier amour, Lucvie. Tu m'offres un enfant. Peut-être que c'est moi qui devrais exiger une réponse. Suis-je un cadeau de Dieu pour toi ? Peut-être. Et je l'accepte même. Je t'aime, Mettius. J'ai une raison d'aller de l'avant, comme tu en as une », dit-elle en guidant la main de Joseph sur son ventre
« Est-ce parce que tu avais bu de mon sang ? Est-ce parce que j'ai eu une vision de Lucvie ? Je l'accepte aussi, Sarah. J'ai une préférence pour Lucie », admet-il.
Lucvie. Est-ce toi qui me fais un présent ? Amicus Meus, Amor Meus... Mon amie, mon amour.
Fin.

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It ends with us
Mystery / ThrillerLe Lieutenant Fogelberg se retrouve confronté à des crimes aussi horribles qu'insaisissables : une femme pendue dans un parc, un homme crucifié dans un motel... Aucun indice ne permet de mettre la main sur les coupables, et l'enquête semble s'enlise...