Assise dans un fauteuil confortablement installé sur son balcon, Fogelberg savoure le spectacle du soleil couchant. Elle porte une bouteille de bière à ses lèvres, goûtant chaque gorgée avant de la reposer avec un tintement sonore parmi les autres bouteilles vides du pack à ses pieds. Le ciel s'embrase de teintes chaudes alors que la journée laisse place à la soirée. Une légère brise balaye l'air, chassant toute trace d'humidité. Bien qu'il fasse encore frais, l'animation des rues se fait déjà sentir, annonçant l'ouverture prochaine des terrasses.
Fogelberg profite de ce moment de calme, contemplant le spectacle céleste qui s'offre à elle. Elle ouvre légèrement les fenêtres pour laisser l'air circuler et sentir la douceur de la soirée. C'est un moment réconfortant après une journée mouvementée.
À son retour chez elle, elle a pris le temps de s'occuper de son intérieur. En passant par l'épicerie de son quartier, elle a acheté des plats préparés pour ne pas avoir à cuisiner. Mais l'impulsion du moment l'a également poussée à se procurer un pack de bières pour se détendre. Une fois à la maison, elle s'est mise au travail. Une brassée de linge tourne déjà dans le sèche-linge, tandis qu'une autre s'agite dans la machine à laver. La vaisselle est impeccable, les poubelles ont été descendues, nécessitant trois voyages, et chaque coin de son appartement a été soigneusement nettoyé. Elle avait passé le balai et l'aspirateur, briqué la salle de bain, lavé les fenêtres. Il était dix-neuf heures et son appartement était propre et rangé comme si elle venait d'emménager.
Fogelberg hésite un instant avant de plonger la main dans son sac de chips. Elle réprime son geste, et fixe son téléphone posé sur la petite table en fer forgé. La tentation est forte, et elle ne peut résister plus longtemps. Elle retire la main du sac de chips, l'essuie sur son short, puis s'empare de son téléphone pour faire défiler la liste de ses contacts du bout du doigt.
Le crépuscule s'installe doucement, et les lampadaires de la rue s'allument automatiquement, diffusant un éclairage jaunâtre grâce aux lampes au sodium. Sur son balcon, les lumières extérieures s'allument également, chargées par la luminosité du soleil pendant la journée.
« Bonsoir Doc ! Vous avez des informations sur le corps du motel ? », demande-t-elle à son interlocuteur, dont le rire résonne au bout du fil, lui arrachant un sourire.
« Neuf jours de congé...
...
— Je sais.
...
— Oui, Doc.
...
— Bien sûr que je suis reconnaissante, j'en suis consciente.
...
— Mais oui, je l'ai remercié.
...
— Euh... je lui ai envoyé un message.
...
— Non, un texto.
...
— Désolée, Doc. Promis, je l'appelle ce soir. »
La conversation se termine brusquement, laissant Fogelberg légèrement frustrée. « Eh merde ! » lâche-t-elle à voix haute, réalisant qu'elle devrait appeler son Capitaine plutôt que de simplement lui envoyer un message. Elle décide de faire les choses correctement. Se levant rapidement, elle saisit ses clés et son porte-feuilles, puis sort de chez elle pour chercher un taxi.
L'homme referme le coffre du taxi quand il la voit s'approcher de lui. Dans son short fleuri, sa petite camisole à bretelles et sa paire de Converse, elle donne l'impression d'être en plein été.
« Vous êtes disponible ? » lui demande-t-elle en lui servant son plus beau sourire.
« Tout à fait ! » répond-il, en lui souriant en retour tout en ouvrant la portière.
Fogelberg s'installe sur la banquette arrière et donne l'adresse au chauffeur, contente d'être tombée sur lui, mais consciente soudainement que sa tenue ne se prête pas à la température extérieure.
Le chauffeur s'engage sur le boulevard longeant le fleuve et prend de la vitesse. Fogelberg va pour lui faire remarquer qu'ils se dirigent dans la mauvaise direction quand elle remarque la carte d'identification du chauffeur. Hamid Ben Khalil. La photographie ne ressemble en rien au chauffeur qui la conduit Dieu sait où.
Elle surprend son regard dans le rétroviseur central et voit s'esquisser un sourire sur ses lèvres.
« Sans votre badge et votre arme, vous êtes bien moins intimidante », dit-il avec une pointe d'amusement.
« Je n'en suis pas moins de la Police », répond-elle fermement.
Il poursuit, d'un ton qui devient plus sérieux : « Oui... C'est un peu surfait non ? Protéger et servir, c'est bien le credo de la police ? Ce credo est-il encore d'actualité dans la société d'aujourd'hui ? Lorsque l'on voit des citoyens se faire cribler de balles pour simplement avoir un téléphone à la main. La police d'aujourd'hui terrorise la population, n'importe qui peut se faire tuer par un policier qui trouve que votre arrêt au stop n'a pas été assez ou trop long. Sous n'importe quel prétexte on peut vous forcer à vous mettre au sol, pour mieux vous étouffer. Vous faites partie d'une organisation terroriste, Lieutenant », dit-il en souriant tout en la regardant.
« Dites-moi plutôt où vous me conduisez », réplique-t-elle d'un ton ferme.
« Mais à votre rendez-vous bien sûr », répond le chauffeur avec un sourire narquois.
« Vous allez dans la mauvaise direction alors. L'adresse que je vous ai donnée est dans la direction opposée », insiste-t-elle.
« Mais vous avez un autre rendez-vous ce soir, un rendez-vous qui ne peut pas être différé, vu le message que vous avez annoncé plus tôt aujourd'hui. »
Le cœur de Fogelberg bat la chamade alors qu'elle réalise qu'elle est en danger. Elle tente d'ouvrir la portière, mais elle est verrouillée. Son esprit s'active rapidement, et elle cherche une solution. Elle saisit l'appuie-tête du siège devant elle, le désengageant en appuyant sur le bouton, puis elle insère l'une des tiges dans le coin inférieur droit de la fenêtre en donnant des coups dessus pour l'enfoncer. Ensuite, elle tire l'appuie-tête vers elle et la vitre cède dans l'instant, en une myriade de morceaux de verre.
Surpris, l'homme se retourne tout en donnant un coup de volant vers la droite, le taxi montant sur le trottoir. Avec la secousse, le taxi fait une violente embardée et le conducteur perd un instant le contrôle du véhicule. Il tente de retourner sur la route, mais le taxi s'empale brutalement contre un lampadaire.
Du fait de sa position, l'épaule gauche de Fogelberg heurte violemment le siège du conducteur avant d'être projetée contre la banquette arrière, sa tête heurtant la portière. Sonnée, elle se précipite tout de même vers la fenêtre qu'elle a brisée et passe la main sans faire plus attention au verre resté contre le cadre. Fogelberg appuie sur la poignée de la porte et sort du taxi en titubant. Elle fait le tour en s'y agrippant pour ne pas tomber. Arrivée à la portière du conducteur, elle ne peut que constater la disparition de celui-ci.
Fogelberg se retourne rapidement, à la recherche du fuyard, mais sa vue se brouille. Elle s'accote au taxi et sent ses jambes se dérober sous elle. Elle fait une ultime tentative pour se redresser, mais un voile noir s'abat devant ses yeux.
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It ends with us
Misteri / ThrillerLe Lieutenant Fogelberg se retrouve confronté à des crimes aussi horribles qu'insaisissables : une femme pendue dans un parc, un homme crucifié dans un motel... Aucun indice ne permet de mettre la main sur les coupables, et l'enquête semble s'enlise...