Chapitre 15

28 5 0
                                        

L'ombre se fondait dans l'obscurité, silencieuse et immobile, observant attentivement le bâtiment situé en périphérie de la ville. Dans la rue, quelques rares véhicules circulaient tardivement, mais la synchronicité de l'un deux montrait qu'il s'agissait d'une ronde de sécurité. Seul le bureau de la sécurité restait éclairé, jetant une lueur tamisée sur la scène nocturne.

Ses yeux perçants scrutèrent la ruelle adjacente, cherchant des silhouettes. Et là, dans un monde teinté de vert, elle en repéra une, dressée sur le toit du bâtiment voisin.

Sans hésiter, l'ombre quitta son abri sous la camionnette, se déplaçant avec une grâce féline. Elle se dirigea d'abord vers la voiture garée au coin de la rue, où deux hommes étaient clairement en surveillance. Soudain, un bruit métallique résonna un peu plus loin, près du passage piéton, alors que le feu de circulation changeait de couleur. Le conducteur ouvrit sa portière et se redressa, une jambe hors de la voiture, l'autre toujours à l'intérieur. L'homme assis côté passager passa la tête par la fenêtre pour mieux observer les alentours. Avant qu'il ne puisse réagir, une lame noire s'abattit avec une violence inouïe sur sa gorge, faisant taire toute résistance. Son corps inerte s'affaissa sur la portière.

« Je ne vois rien », dit le conducteur en se rasseyant derrière le volant. Il tourna la tête et nota l'étrange position de son collègue. Il le bouscula en lui demandant ce qui se passait quand une main se plaqua fermement sur sa bouche. Des yeux paniqués virent la lame noire s'abattre sur sa poitrine et descendre jusqu'à son nombril. L'ombre s'évanouit aussi discrètement qu'elle était apparue, comme un spectre impitoyable, laissant les deux hommes sans vie dans leur voiture.

L'homme allongé sur le toit, un sniper aguerri, attendait avec une patience infinie. Il avait été formé pour ces missions délicates, et la satisfaction qu'il ressentait en accomplissant son travail était indéniable. Son passé dans l'armée lui avait valu reconnaissance et médailles, mais maintenant, il appréciait la discrétion et le caractère privé de ses nouvelles activités. Cependant, ce qui lui avait manqué, c'était la montée d'adrénaline, l'excitation de la chasse qui le faisait sentir vivant.

Ce soir-là, il avait reçu une mission bien particulière, un défi de taille qu'il accueillait avec enthousiasme. Sa cible était d'un calibre exceptionnel, bien différent des ennemis qu'il avait affrontés lors de ses missions passées au Moyen-Orient. Depuis qu'il avait été renvoyé de l'armée pour 'manquement à l'honneur', il avait cherché à retrouver cette montée d'adrénaline et de danger.

Les récompenses matérielles n'étaient pas négligeables, mais c'était surtout la satisfaction personnelle de traquer et d'abattre cette cible prestigieuse qui le motivait. Il voulait être celui qui réussirait à la faire plier, celui qui écrirait l'histoire de cette nuit où un homme d'ombre s'était mué en prédateur redoutable.

Le sniper entendit le même bruit métallique que ses collègues, et instinctivement, il ajusta la mire de son fusil pour observer le passage piéton. Il scrutait attentivement chaque recoin, chaque mouvement. Pendant un court instant, il crut apercevoir quelque chose, mais il ne vit finalement rien de suspect.

Il avait vu que ses collègues dans la voiture avaient également réagi. Il vit celui assis côté passager ouvrir sa fenêtre, passer la tête et regarder un peu partout. Ayant regardé pendant quelques secondes les alentours du feu de circulation, il reprit sa position. En déplaçant son fusil, l'œil toujours rivé sur la lunette, il vit le corps de son collègue penché sur la portière. En quelques secondes sa cible avait éliminé ses deux collègues.

Là, c'est du sérieux, pensa-t-il.

Le sniper se préparait à faire face à un adversaire hors du commun, déterminé et implacable. La tension monta d'un cran dans ses veines, et son esprit s'aiguisa. Il savait que son expertise allait être mise à rude épreuve ce soir-là.

Il glissa son fusil par-dessus son épaule et se redressa à demi en reculant. Il se fondit dans l'ombre du toit avant de grimper habilement à l'échafaudage d'un bâtiment voisin en rénovation Rapidement il gagna de la hauteur puis s'allongea sur un étage de l'échafaudage. Il sortit son fusil et se mit à fouiller dans l'obscurité. Il se hissa à une position plus élevée, s'allongeant silencieusement sur un étage de l'échafaudage. Dans l'obscurité, il scrutait attentivement les alentours, prêt à débusquer sa cible. Soudain, une ombre passa rapidement sur le toit où il avait été initialement positionné. Il tira par réflexe et manqua son tir. L'ombre se figea, regardant dans sa direction. Sachant qu'il n'aurait pas une autre occasion, le sniper prit une profonde inspiration et pressa la détente. L'impact de la balle projeta violemment l'ombre en arrière, la faisant basculer du toit.

Le tireur d'élite ressentit un sentiment de satisfaction mêlé de sérénité en réussissant son tir. Son cœur battait fort, mais son esprit était calme, habitué à ces moments intenses de concentration. Cependant, avant de contacter son employeur pour confirmer le succès de la mission, il devait s'assurer que sa cible avait bien été neutralisée. Rangeant soigneusement son fusil dans son sac, il descendit prudemment de l'échafaudage puis sauta sur le toit de l'entrepôt.

S'empressant de retourner à sa position première. Il se pencha et regarda dans le vide, mais ne vit pas le corps de sa cible là où elle aurait dû se trouver. À la place, il découvrit un couteau à la forme étrange, à la lame noire, laissé comme un énigmatique message par sa cible évanouie dans l'obscurité.

Alors qu'il entreprenait de descendre du toit par l'échelle de secours, un hurlement surgit de l'entrepôt voisin, suivi de coups de feu résonnant dans la nuit. Le silence retomba rapidement, laissant une atmosphère tendue planer dans l'obscurité.

Putain. C'est dingue ! pensa-t-il, son cœur s'emballant d'adrénaline.

Bien que son désir de traquer la cible demeurait puissant, il savait qu'il devait rapidement quitter les lieux. Les coups de feu auraient inévitablement attiré l'attention sur le bâtiment. Il sauta dans son véhicule et le fit démarrer, évitant d'allumer ses phares pour rester discret. Seules les lueurs des feux de jour éclairaient faiblement la route.

Les sirènes des voitures de police résonnèrent au loin, mais il s'éloigna habilement en empruntant une ruelle sombre. L'adrénaline parcourait toujours ses veines alors qu'il tenait fermement son téléphone pour contacter son supérieur. Il appuya sur le numéro désiré, établissant la connexion via Bluetooth avec la radio. D'une voix calme, il fit son rapport au supérieur, annonçant le décompte des cadavres laissés derrière par la cible.

Conscient d'avoir raté sa mission, il annonça qu'il avait tout de même récupéré l'arme du tueur. « S'il y a des empreintes dessus, vous pourrez peut-être trouver son identité », déclara-t-il d'un ton calme et déterminé.

It ends with usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant