Chapitre 22

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Allongée sur son lit, il lui était impossible de dormir. Thomas Cavanaugh n'était pas rentré avec elle, préférant pratiquer l'autopsie au plus vite et envoyer toutes les analyses en urgence aux différents laboratoires.

Elle avait beau essayer de fermer les yeux, à chaque fois que le sommeil semblait la saisir, l'ignominie du crime la ramenait brutalement à la réalité. Elle était persuadée que cette nuit, peu de ses collègues allaient trouver le repos, que tous auraient une mine effroyable le lendemain matin.

Soudain, une sonnerie la fit sursauter. Elle crut d'abord qu'il s'agissait de son réveil, et le temps que son cerveau émerge de la somnolence, elle réalisa que c'était son téléphone qui sonnait. Dans un soupir, elle tendit la main pour le prendre et regarda l'écran. Il était 01:15 du matin. Un message en absence. Pour qu'on l'appelle à cette heure, il devait s'agir d'un événement grave.

Pitié, pas un autre cadavre..., pria-t-elle.

Fogelberg s'apprêtait à écouter le message laissé sur sa boîte vocale quand un message texte arriva.

⎛01:18

J'espère que tu vas bien. Si tu as besoin de parler, je suis là pour toi.

Joseph⎠

C'est gentil, mais il va falloir que je lui dise de ne pas me faire des frayeurs en pleine nuit comme ça.

⎛01:19

Un vampire, sérieusement ?

Joseph⎠

Tout à fait réveillée, Fogelberg appelle directement Joseph.

« De quoi parles-tu ? » demande-t-elle directement.

« C'est dans les fils de presse. Un cadavre découvert dans un motel, vidé de son sang. Les journaux l'ont titré « Un vampire sur la ville ». Apparemment, il a fait plusieurs victimes. La nouvelle est tombée il y a quelques minutes.

— Je te rassure Joseph, il n'y a pas de vampire.

— Il est également écrit que dernier le corps retrouvé aujourd'hui était particulièrement... choquant. Je me suis fait du souci pour toi.

— C'est gentil de ta part Joseph, vraiment. Mais je t'assure que... Merde ! Tu as lu ça dans la presse ? Je dois te laisser. »

Fogelberg recherche sur les sites des quotidiens locaux et nationaux. Elle n'eut pas à chercher longtemps, les gros titres s'étalant sur son écran. Elle appelle immédiatement son Capitaine, au cas où il n'ait pas déjà été informé.

Impossible de savoir d'où la fuite était venue. Des ordres bien stricts avaient été donnés, mais l'information, notamment concernant les dernières victimes, avait tout de même fini par circuler. Si la victime du motel avait facilement fuité, vu le nombre de témoins, la scène de crime des deux dernières victimes avait été méticuleusement scellée. L'information venait donc forcément de l'interne... ou de quelqu'un bien au fait du crime.

« La victime était encore vivante lorsque son ventre a été ouvert, mais inconsciente. » explique le légiste en lisant son rapport. « J'ai trouvé des traces d'un anesthésique dans son sang, du diisopropylphenol, plus connu sous le nom de propofol. Cet anesthésique est utilisé en médecine. Lors d'une opération, comme ce n'est pas un analgésique, il doit être associé à un autre produit afin de réduire la douleur », explique le Docteur Cavanaugh d'une voix posée.

« Est-ce le cas ? Et ces produits, peut-on se les procurer facilement ? Dans la rue ? » interroge Fogelberg.

« C'est le cas en effet, et non, ces produits sont très contrôlés. Le seul moyen pour s'en procurer, c'est dans un hôpital », répond le légiste.

Fogelberg prend note sur son calepin de vérifier si des stocks de ce produit ont été déclarés volés, sachant déjà que c'est une mission impossible.

« La... euh... l'extraction du... bébé, est-ce... euh... propre ? Enfin, je veux dire si c'est l'œuvre d'un médecin peut-être ? » bafouille-t-elle, les lèvres tremblotantes.

« Ou d'un légiste, ou d'un boucher ou de n'importe qui sachant manier un couteau sans trembler. La coupe est nette. Rien qui puisse nous permettre d'en déduire quelque chose », répond le Docteur Cavanaugh d'une voix grave.

La question sur le sort du bébé est difficile pour Fogelberg, mais elle prend son courage et le regarde droit dans les yeux, le regard humide :« Et le... bébé? », demande-t-elle les lèvres tremblotantes. « Était-il... Co-comment est-il mort ?

— Écoute Angie, je préférerais que tu laisses cette partie à tes collègues, et tu sais pourquoi.

— Comment est mort le bébé, Doc ? » redemande-t-elle d'un ton plus dur qu'elle ne le voulait tout en le regardant droit dans les yeux.

Le médecin hésite un instant puis répond d'une voix douce : « Le fœtus n'était pas viable pour respirer par lui-même, il s'est juste asphyxié ».

Fogelberg essuie discrètement une larme, gardant son calme malgré l'horreur de la situation.

« D'accord », répond-elle en reniflant.

Le Capitaine Cordell intervient alors pour changer de sujet : « Avez-vous d'autres résultats d'analyses pour nous, Docteur Cavanaugh ? »

« Pas encore, non. Les laboratoires ont placé le traitement de ce dossier en urgence, mais vu qu'il est probable que nos dernières victimes sont toutes du fait du même individu, nous sommes un peu... débordés. Sans compter le cadavre du vieil homme que vous m'avez apporté cette nuit, trouvé en face de notre scène de crime... et les morts de l'entrepôt », répond le médecin d'un ton préoccupé.

« Faites au mieux, Docteur, faites au mieux », soupire le Capitaine Cordell, conscient de l'ampleur de la situation.

Fogelberg avait conscience que le monde de la médecine légale n'avait rien à voir avec les enquêtes policières glamour que l'on pouvait voir à la télévision. Dans la réalité, une analyse ADN ne s'effectuait pas en quelques minutes et ne fournissait pas automatiquement le nom du meurtrier. Si le coupable était déjà répertorié dans les bases de données, alors oui, une correspondance pouvait être établie rapidement. Mais si ce n'était pas le cas, cela nécessitait une recherche plus approfondie, parfois même au niveau international, comme dans les bases de données d'Interpol.

Malgré les espoirs placés dans l'enquête de voisinage, celle-ci n'avait malheureusement pas donné de résultats probants. La police avait simplement découvert un corps poignardé, sans autres pistes évidentes menant au meurtrier. La coïncidence était troublante, mais insuffisante pour en faire une preuve formelle. Pendant ce temps, le meurtrier rôdait peut-être encore dans l'ombre, observant leurs mouvements.

Sortant de la salle de réunion, Fogelberg s'installa à son bureau et se mit au travail. Elle commença par retracer le parcours de la victime avant qu'elle ne rencontre son bourreau.

It ends with usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant