Joseph avait pris une douche pour se débarrasser des marques de la veille et avait lavé tant bien que mal les traces de sang sur son tee-shirt avant de le faire sécher, prévoyant de le jeter par la suite. Pendant ce temps, Fogelberg, dans un état second, avait nettoyé le sang séché sur le canapé et lavé les serviettes dans le lavabo de la cuisine.
Une serviette autour du cou, Joseph tira une chaise de la salle à manger et la plaça en face du canapé, s'y laissant tomber, tandis que Fogelberg s'installait du côté sec. Un silence s'installa alors qu'ils se regardaient l'un et l'autre.
Fogelberg posa son regard sur le ventre de Joseph où ne subsistait qu'une fine cicatrice de la blessure reçue moins de deux heures auparavant.
« Qui es-tu, ou plutôt devrais-je demander qu'es-tu ? » demanda-t-elle, les yeux fixés sur la cicatrice qui s'estompe progressivement, presque sur le point de disparaître.
Joseph sourit légèrement. « Si tu te poses la question au sujet de mon état de santé, je suis immortel.
— Comment ça immortel ? » interrogea-t-elle en fronçant les sourcils.
« Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le mot immortel ? » taquina-t-il avec un sourire. « Du latin "immortalis", de "mors" qui signifie mortel et du préfixe privatif "in". C'est pourtant simple, je ne peux pas mourir.
— Mais... ce n'est pas possible. »
Fogelberg ne savait quoi penser. Elle voyait de ses propres yeux les preuves de l'incroyable réalité, mais son esprit refusait de l'accepter.
« Et pourtant, tu l'as vu de tes propres yeux, je me tiens devant toi, mort puis ressuscité, » insista Joseph.
« Tu veux dire que lorsque tu meurs, tu... reviens à la vie, » répéta-t-elle, cherchant à comprendre.
« Exactement, c'est le principe, » expliqua-t-il.
« Mais... Co-comment ? » bafouille-t-elle.
« Je ne sais pas trop comment ça fonctionne. Je reviens, c'est tout. En même temps, je ne suis pas le premier, » ajouta-t-il avec un sourire. « On pourrait comparer nos notes, s'Il était dans le coin. »
Fogelberg, les yeux rivés sur le ventre de Joseph, hésite à toucher la cicatrice qui disparaît, la main à quelques centimètres.
« Comment peux-tu plaisanter, ce n'est pas... naturel !
— Je conçois que ça puisse te sembler... irréel, » admit Joseph. « Certains y verraient une bénédiction et d'autres une malédiction. Quoi qu'il en soit, je parcours cette terre depuis près de deux mille ans. »
Joseph s'approche du bord de sa chaise, puis s'empare de la main de Fogelberg pour la plaquer sur son ventre, cherchant à la rassurer. Elle fait glisser ses doigts, ne ressentant pas la moindre boursouflure, la moindre cicatrice. Elle ne se retient pas et presse plus fortement ses doigts à l'endroit de la blessure. Elle ne sent aucune marque sous ses doigts. Appuyant un peu, pour l'éprouver réellement, Joseph ne réagit pas. Aucune douleur, aucune trace. Aucune séquelle. À croire qu'elle avait tout imaginé.
« Je suis désolé de t'avoir inquiété, Angie, » murmure-t-il.
« Mon Dieu... » chuchote-t-elle, ses doigts toujours sur son torse.
Joseph reprend la parole d'une voix calme. « C'est là que tu te demandes s'IL t'en veut personnellement en te refusant la seule garantie de ton statut d'être humain donnée à la naissance, la mort.
— Tu n'es donc pas dans un programme de protection des témoins, » réalise-t-elle.
« En effet, tu n'as pas trouvé d'antécédent, car il s'agit de ma nouvelle identité. Avant, si tu savais combien je me compliquais la vie à me créer un passé, une histoire, finalement je trouve que la technique du programme de protection des témoins me facilitera la tâche pour les prochaines fois.

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It ends with us
Mystery / ThrillerLe Lieutenant Fogelberg se retrouve confronté à des crimes aussi horribles qu'insaisissables : une femme pendue dans un parc, un homme crucifié dans un motel... Aucun indice ne permet de mettre la main sur les coupables, et l'enquête semble s'enlise...