Chapitre 12

29 4 0
                                        

Des voix lui parviennent, distordues, accompagnées par le son agaçant d'une machine qui émet des bips près d'elle. Les yeux fermés, elle cherche à atteindre la table de chevet pour arrêter la sonnerie qui vrille les tympans. Ne rencontrant pas le plateau de sa table de chevet là où il devrait être, elle ouvre les yeux pour réaliser où elle se trouve.

Elle suit le tube des yeux et retire délicatement la perfusion de son bras puis repousse le drap pour s'asseoir dans le lit d'hôpital. La tête lui tourne aussitôt. Elle ferme les yeux et prend une longue inspiration quand une voix la fait sursauter.

« Qu'est-ce que tu fous Fogelberg ! »

Elle ne se retourne même pas, son Capitaine franchissant l'espace entre la porte et son lit en deux pas. Il est de mauvaise humeur. Je vais devoir la jouer en douceur.

Une veine pulse sur son front. Elle avait envie de sourire, mais jugea préférable de se retenir.

« Bonjour, Capitaine Cordell » lui répond-elle d'une voix sourde.

« Je t'en foutrais des bonjours. Que s'est-il passé ? Des témoins ont raconté que le taxi où tu te trouvais roulait à toute allure quand il est monté sur le trottoir pour finir par s'encastrer dans un lampadaire. Ils t'ont vu sortir du taxi pendant que le conducteur se faisait la malle. À quoi ressemble-t-il ? Car ce que nous savons avec certitude c'est qu'il ne s'agissait pas du chauffeur figurant sur la carte, vu que lui, on l'a retrouvé mort dans le coffre de son taxi.

— Mort ? Merde alors. Il refermait le coffre quand il m'a embarqué.

— Je répète donc ma question, car tu dois mal m'entendre, sûrement un effet de l'accident. À quoi ressemble-t-il ?

— Je n'y ai pas vraiment porté attention, Capitaine. Il faisait sombre et je suis simplement monté à bord. Je venais vous voir d'ailleurs.

— Ça me fait une belle jambe que tu venais me voir, Fogelberg. Fais un effort bordel !

— OK ! » dit-elle en se tenant la tête. « Un regard et un sourire arrogant. Des yeux noirs aussi expressifs que ceux d'un serpent qui regarde sa proie. Un léger accent, d'Europe de l'Est peut-être. Une voix douce, mais on y sent une certaine autorité. Taille et corpulence moyenne, cheveux courts sans être rasés. Rien d'autre, désolé.

— Bon, et de quoi avez-vous parlé ? Il t'a dit quelque chose ?

— Que j'avais rendez-vous !

— Rendez-vous ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Avec qui ?

— Je pense plutôt à un rendez-vous avec ma mort, Capitaine.

— Bon ! Tu te remets au lit, j'appelle une infirmière pour qu'elle te rebranche, et je te colle un agent devant ta porte. Demain matin, on établit un portrait robot et on reparle de tout ça. Tu as une légère commotion alors... tu restes au lit ! C'est un ordre ! »

L'infirmière était devant la porte et attendait pour entrer afin de changer son cathéter et remettre un pansement. Voyant l'état de Fogelberg, elle lui sourit doucement et lui administra un sédatif pour qu'elle puisse s'endormir et se reposer.

Fogelberg se laissa aller à la somnolence qui s'empara d'elle. Les événements de la soirée se mêlaient dans son esprit, mais elle était trop épuisée pour y réfléchir davantage. Les effets du sédatif la plongèrent peu à peu dans un sommeil réparateur.

Une fois son petit déjeuner avalé, Fogelberg repoussa doucement le chariot, puis se leva en emmenant le support à soluté avec elle. Elle s'enferma dans la salle de bain, prenant soin de retirer délicatement la perfusion de son bras. Le contact de l'eau froide sur son visage la revigora et elle se coiffa avec ses doigts, faisant de son mieux malgré les circonstances.

It ends with usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant