Chapitre 7

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L'homme s'éveilla en sursaut dans la chambre du petit motel qu'il avait trouvé la veille en arrivant en ville. Il demeura assis dans le fauteuil où il s'était endormi, laissant son esprit émerger et s'habituer aux bruits de la ville. Un ballet de sirènes d'ambulances, de camions de pompiers et de voitures de police remplissait l'air. Le son trop élevé de la télévision dans la chambre voisine, les odeurs d'huile rance de la friture du fast-food en face, le mélange d'odeurs de parfums et de gels douche de la boutique d'à côté, tout se mélangeait et l'assaillait.

Il se leva et se dirigea vers la salle de bain, où il se passa de l'eau froide sur le visage. C'est alors qu'il entendit un tambourinement à la porte de sa chambre.

Ses muscles se tendirent, et il se met en alerte en approchant de la porte. Inspirant profondément, il ouvrit la porte en grand. Une bouffée d'air chargée d'une odeur de sueur l'agresse immédiatement, accompagnée d'une haleine chargée en puanteur de cigarettes et de bourbon bon marché. Un homme assez corpulent se tenait face à lui, et qui, visiblement, comptait sur sa stature pour intimider ses interlocuteurs.

« Tu vas baisser le son de ta télé, connard ? » s'exclama l'individu d'une voix passablement éméchée, avant de réaliser trop tard que le poste de télévision était éteint et que le son venait d'ailleurs.

L'homme regarda, le visage dénué d'émotion, son accusateur, en jean et tee-shirt avec le logo Harley Davidson et portant le slogan « Live free or die », un bandana sur la tête aux couleurs du drapeau américain.

« Désolé mec, je croyais que ça venait de ta chambre », dit-il en se retournant pour tambouriner à la porte voisine.

« Es-tu libre ? » demanda-t-il, le regard toujours vide.

« Hein ? » répondit le malabar en se retournant vivement. « Qu'est-ce que tu me veux ? Tu n'es pas mon genre ! » riposta-t-il, prêt à en découdre en levant les poings.

Une main s'agrippa vivement à son bras et le tira à l'intérieur de la chambre, la porte claquant derrière lui alors qu'il était projeté au sol.

« Vivre libre ou mourir. C'est marqué sur ton tee-shirt. Mais d'après ce que je vois... tu n'es pas libre ».


La femme de ménage frappa deux coups à la porte et, face à l'absence de réponse, entra dans la chambre à reculons pour faire entrer son chariot de nettoyage.

En se retournant, son regard fut capturé par une scène grotesque qui lui fit pousser un cri perçant, ses cordes vocales étirées à l'extrême. Elle essaya de sortir de la chambre, mais le chariot de ménage bloquait la sortie. Dans un élan de panique, elle le repoussa violemment et en sortant, son sarrau s'accrocha à la poignée de porte. Convaincue qu'on la retenait, elle hurla de plus belle, se débattant et finalement s'effondrant au sol, en pleurs, en état de choc, jusqu'à s'évanouir.

Les cris avaient alerté les occupants des chambres voisines, et une collègue, arrivant en courant, se mit à genoux auprès de la femme de ménage évanouie. Après avoir réussi à la ramener à elle, elle la soutint tandis que ses yeux se posaient sur la porte de la chambre. Elle redoutait le pire : un pendu, un suicide ou même une overdose. Ce ne serait pas la première fois qu'une telle tragédie se produirait dans un établissement comme celui-ci. Doucement, la femme de ménage ouvrit la porte en grand, jeta un bref coup d'œil et la referma, son visage devenant blême.

Elle se saisit de son walkie-talkie pour prévenir le gérant de l'hôtel, dont la voix trahissait l'angoisse lorsqu'il appela immédiatement la police, répétant sans cesse : « Merde, merde, merde ».

It ends with usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant