It ends with us

Chapitre 2

Aujourd'hui

La sonnerie insistante du téléphone portable résonne plusieurs fois dans son rêve, et il lui faut quelques instants pour émerger et revenir à la réalité. Elle tend finalement un bras hors des draps pour arrêter l'alarme programmée.

Assise sur le lit, elle prend quelques instants pour émerger complètement du sommeil, se frottant les yeux et étirant ses membres engourdis. Cependant, une douleur carabinée dans la nuque et un début de torticolis la font grimacer. Elle se lève avec précaution, s'appuyant sur le mur pour retrouver son équilibre.

En se dirigeant vers le réfrigérateur, elle se rend compte d'une odeur acide qui en émane quand elle ouvre la porte pour se servir un verre d'eau. L'intérieur du réfrigérateur n'est guère mieux, rempli de restes de plats à emporter pris lors de ses trajets entre le travail et la maison. Elle cherche à identifier la source de l'odeur désagréable, mais ne trouve rien de moisi en apparence ou, tout du moins, rien qui ne ressemble à l'odeur d'un animal mort. Elle se résigne alors en avalant un comprimé d'aspirine pour soulager son mal de tête.

En se retournant, elle jette un regard noir au contenu de son évier, un véritable dépotoir à ciel ouvert d'ustensiles en plastique et de barquettes de nourriture surgelée qu'elle garde, sans raison apparente. Elle ne peut s'empêcher de ressentir un certain agacement.

S'asseyant à la table de la salle à manger, elle pousse avec impatience les piles de circulaires pour s'accouder et masser sa nuque douloureuse. Cet environnement désordonné et négligé semble refléter son état d'esprit actuel. Elle se sent un peu submergée par la routine de la vie quotidienne et par les petits problèmes qui s'accumulent.

Son statut de célibataire transparaît dans chaque recoin de l'appartement, des murs blancs sans aucune décoration, même minimaliste, jusqu'à l'absence totale de photographies personnelles. L'état pitoyable de l'intérieur de son réfrigérateur ajoute à l'image de solitude et donne l'impression que personne ne l'attend le soir, mais vivre seule lui convient très bien.

Dans un élan soudain de détermination, elle se lève et saisit un sac poubelle qu'elle trouve sur la table de la salle à manger. D'une main ferme, elle rassemble les circulaires des semaines passées et les jette dans le sac. Puis, elle se dirige vers l'évier de la cuisine pour ramasser les contenants vides et les ustensiles, déterminée à en finir avec ce désordre. Cependant, juste au moment où elle s'implique dans son ménage, son téléphone portable sonne bruyamment, l'interrompant dans son élan.

« Fogelberg »

Elle écoute attentivement son interlocuteur, sans l'interrompre.

« J'arrive »

La salle de bains, une petite pièce toute aussi impersonnelle que les autres pièces de son appartement, est rapidement investie par la jeune femme. Elle enjambe le rebord de la baignoire et tire le rideau de la douche derrière elle, Elle tourne les robinets d'eau chaude et froide puis relève le loquet actionnant le pommeau de la douche, tend la main sous l'eau et, quand la température lui semble convenable, elle s'avance, laissant couler sur son corps un jet d'eau revigorant pendant quelques instants. Fermant les robinets, elle s'empare brusquement d'une serviette accrochée sur la patère derrière la porte et s'essuie vigoureusement. Elle se frictionne les cheveux afin qu'ils soient le plus secs possible avant de se donner quelques coups de brosse puis de se les attacher en queue de cheval. Un rapide coup de brosse à dents et elle se dirige vers la chambre à coucher pour s'habiller avant de quitter son appartement pour ce qui s'annonce être une longue journée.

Elle était bien au-delà de l'agacement, c'était presque un déchaînement de frustration. La simple vue des automobilistes qui paniquaient à l'idée de conduire sous la pluie la mettait hors d'elle. Elle ne comprenait pas pourquoi certains semblaient totalement dépourvus de compétences de conduite dès que quelques gouttes tombaient du ciel.