Chapitre 47

27 2 0
                                    

Ian :

Nous avons marché quelques mètres, avant que Finn ne s'arrête sous un lampadaire. Il se tourne vers moi, et je suis surpris de voir qu'en dépit de son sourire chaleureux, un voile de tristesse couvre ses yeux. Il m'ouvre les bras, et je les accepte sans hésiter, me blottissant contre lui pendant qu'il prend la parole en chuchotant.

- " Je suis désolé.

- De quoi ? Tu n'y es pour rien.

- Un peu quand même, Ian. Je suis désolé de t'avoir emmené au resto ce soir, je suis désolé qu'on se retrouve dans cette situation alors que ça fait seulement trois jours qu'on sort ensemble, je suis désolé que tu es dû faire face à cet homme alors que j'aurais pu intervenir avant que tu ne te prennes ce coup. Je suis désolé que des gens comme eux existent, je suis désolé qu'on doive se battre sans rien avoir demandé, je suis désolé de savoir qu'on va en baver encore, que ça ne sera jamais vraiment finit, qu'il y aura toujours quelqu'un pour nous mépriser. Je suis désolé de ne pas être une fille...

- Stop ! Espèce d'idiot, tu crois que c'est ce que je veux entendre ?! "

Je me dégage brusquement. Je ne sais pas pourquoi ces paroles me mettent autant en colère, mais je ne les supporte pas. En entendant Finn dire ces mots, j'ai envie de le secouer, parce que j'ai l'impression qu'il ne sait pas ce qu'il dit, ni ne comprends l'absurdité de sa dernière déclaration. Il me regarde, avec toujours la même tristesse dans ses billes vertes, sauf qu'il a perdu son sourire. Je me radoucis en le voyant aussi désemparé. Je n'avais pas réalisé à quel point l'évènement l'avait affecté, et je m'en veux maintenant d'avoir réagis aussi sèchement. Doucement, je m'approche de lui, posant mes mains sur ses joues. Il ferme les yeux.

- " Finn... Que tu sois un garçon ne me déplait pas le moins du monde. Je ne veux pas d'une fille, je n'aime pas les filles, je n'aime que toi. Alors stop, arrête de croire que c'est toi, ou nous le problème ! Parce que ce serait donner raison à tous ces idiots qui pensent que c'est le cas. Tu comprends, mon... amour ? "

Il écarquille les yeux, plus choqué par mon dernier mot que par le reste de mon monologue.

- " Tu... Tu viens de... De m'appeler "mon amour" ?! balbutie-t-il.

- Je crois, oui. Je n'aime pas trop ça, mais j'avais l'impression que c'était logique de le caser là... Et puis, je préfère ça à " mon chéri", si tu vois ce que je veux dire. "

Il éclate d'un rire d'abord nerveux, puis sincère, qui se perd dans le silence serein de la nuit, à peine perturbé par les voitures et les passants de la rue principale, un peu plus haut. Son grand sourire me fait frémir de plaisir, et le voir aussi radieux me rend heureux. Puis brusquement, il me sert fort contre lui, et enfouit son visage dans mon cou tandis que je réponds à son étreinte.

- " Merci, Ian. Tu as raison, c'était bête de ma part. Je suis désolé...

- Arrête de t'excuser, gros nigaud.

- Oui, d'accord. "

Nous restons encore un moment comme ça, seuls dans la brise nocturne. Quand nous nous détachons, il garde sa main dans la mienne. 

- " Tu veux que j'appelle Arnaud pour qu'il vienne nous chercher ? "

J'hésite à dire oui, mais ce serait écourter notre soirée, et j'ai beau être fatigué après une journée aussi éreintante, j'ai envie de passer du temps avec lui. Certes, ce n'est pas raisonnable puisqu'on a cours demain matin, mais il paraît que l'amour fou pousse à prendre des décisions déraisonnables...

Un Océan Dans Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant