Chapitre 12

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Ian :

Quand je referme la porte derrière moi, une pression immense qui me pesait jusque-là s'évapore. Je souffle, me laisse glisser contre la porte et me recroqueville. J'ai eu tellement peur de ne pas être à la hauteur. J'ai été tellement surpris quand il s'est brusquement détaché de moi. Et même si son sourire m'a ensuite rassuré, je reste persuadé qu'il est déçu de moi. Je n'arrive pas à me sortir l'image, les sensations éprouvées quelques instants plus tôt. Je ne me suis jamais senti aussi bien, et je n'aurais jamais cru qu'embrasser Finn me ferais autant d'effet. Je me rends compte que j'en avais envie, et que j'ai aimé le goût de ses lèvres. Et surtout, que s'il n'était pas parti, j'étais prêt à aller beaucoup plus loin. Toute lucidité avait quitté mon corps et mon esprit, tous mes problèmes, mes angoisses, mes peurs avaient quitté mes pensées. Je veux le refaire. Je veux m'enivrer de lui comme si c'était une drogue. J'ai besoin de lui, j'ai envie de lui, et tout mon corps tremble encore, révélant une fois de plus mes pensées incontrôlables.

Je suis resté ainsi un peu trop longtemps, et la soirée est passée vite, parce que je n'étais pas du tout présent. J'ai agi de manière robotique pour tout, et je crois que les gamins s'en sont rendus compte. Mais ils ne m'ont rien dit, et je leur en suis reconnaissant. Quand tout le monde est couché, et que je sors de la douche, je tente de me sécher le dos, mais je grimace. J'ai mal, toujours autant, alors que ça aurait dû cicatriser depuis un moment... Je me tourne devant le miroir, et me tord la tête pour regarder. J'ouvre de grands yeux. Merde. Je crois que ça s'est un peu infecté. En tout cas, le bleu est énorme, mais il est un peu plus petit qu'avant. Seulement, les plaies sont rouges, et certaines ont des contours jaunis. C'est moche, et ça fait super mal. Je ne peux rien faire, pourtant, personne ne peut me mettre les produits et les crèmes importantes pour me soigner. Je soupire, et essais de remettre mon haut de pyjama, mais je grimace, le tissu frotte, glisse sur ma peau charcutée, et je ne peux pas le mettre plus bas qu'au milieu du dos. Alors je le retire, doucement, en retenant un gémissement de douleur. Quand j'ai fini, je souffle, m'appuie sur le rebord du lavabo avec mes mains, en me regardant. Je peux voir les larmes qui brouillent mes yeux, et les muscles de mon visage contractés par la douleur. Je souffle bruyamment plusieurs fois, fermant les yeux. La douleur aiguë passe, et lorsqu'il ne reste plus que le pincement habituel, je sors de la salle de bain et va me coucher.

Ce soir-là, seul sur le ventre, dans mon lit, j'ai pleuré silencieusement. J'ai laissé sortir tous mes sentiments qui se mêlaient dans un mélange incompatible, et les émotions qui se cumulaient, bien trop nombreuses. J'étais heureux d'avoir embrassé Finn, mais malheureux de la manière dont il avait arrêté l'instant. J'étais heureux que l'anniversaire de Lina lui ai plu, mais je suis malheureux de voir que mon dos n'a pas guéris en un an. J'ai mal physiquement, mentalement. J'ai peur que si je vais plus loin avec Finn, je devrais le lui dire, j'ai peur que même s'il le prend bien, je n'assume pas ma sexualité que je viens de découvrir, j'ai peur que même si j'assume, je me fasse harcelé, rejeté par le monde, et que je ne puisse plus assumer mes responsabilités. J'ai peur. J'ai mal. Mais je ne me suis jamais senti aussi bien que lorsque ses lèvres en rencontrées les miennes.

Finn :

Je suis plus calme quand j'arrive chez moi, l'adrénaline étant retombée. C'est donc avec un sourire simple que j'ai salué ma mère en entrant.

- " Salut M'man.

- Qu'est-ce que... Finn ! T'étais où ?

- J'étais chez un ami. Il s'appelle Ian, et il est très gentil. C'était l'anniv de sa petite soeur.

- Mouais. Et vous avez fait quoi ?

- Bah, un gâteau.

- Oui, mais après ?

Un Océan Dans Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant