Chapitre 37

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Laury :

Je regrette aussitôt d'avoir posé la question quand je vois le visage d'Ian se décomposer. Il dévie le regard, et je peux voir sa lèvre inférieure trembler légèrement, signe qu'il est pris d'une grande angoisse. Il se recroqueville un peu, très déstabilisé par ma question. Partout, je peux voir dans ses gestes, ses expressions, ses mimiques, une peur immense qui se développe en lui, une appréhension qui est synonyme d'un stresse particulier. Et en réfléchissant rien qu'un minimum, je me visualise la page de mes manuels de psychologie et de psychiatrie, que j'ai appris par cœur à force de les feuilleter, qui décrit cette réaction et son origine, qui lui donne un nom. Ce stresse, c'est un stress post-traumatique. Qui se traduis après un évènement traumatisant par une peur et une souffrance psychologique qui engendre des réactions physiques tels que les tremblements, la perte de ses moyens et nombres de mimiques et expressions. Le déchaînement de pensées, de flash-back, et d'émotion négatives provoqué par cette angoisse est aussi dû au sentiment d'impuissance et de culpabilité. Je connais cette page par cœur, parce que c'est l'un des principaux troubles qui concerne la majorité des clients de nos jours. Mais j'avoue que c'est beaucoup plus facile à gérer quand c'est un inconnu et un simple client qui est concerné, plutôt qu'une personne de notre entourage, et à laquelle en plus mon frère tient plus qu'à n'importe qui. La question qui s'impose en moi, et que je n'arrive pas à ignorer, c'est qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que ses parents, car tout porte à croire que c'est à cause d'eux, ont bien pu lui faire pour qu'il en garde autant de séquelles ? Toutes ces réflexions n'ont fait l'objet que de quelques secondes, et Ian est toujours en face de moi, les yeux écarquillés par l'angoisse, et le cerveau probablement rongé par des pensées et des interrogations. Je m'empresse de me rattraper, en essayant d'avoir l'air naturelle et spontanée.

- " C'était une bonne idée en tout cas de vouloir y aller avec les petits, je suis sûr que sortir au parc leur a plu !

- Ou...Oui, ils étaient super contents. " affirme Finn, d'un air distant, totalement concentré sur son petit-ami qui fait mine de ne rien ressentir.

Mon frère pose une main hésitante sur l'épaule d'Ian, qui le repousse brusquement, les mains encore tremblantes. Il se lève lentement et marmonne qu'il va aux toilettes. Il est pâle, et son air hagard me fait encore plus culpabiliser. J'aurais vraiment fait mieux de me taire. Je peste intérieurement pendant que le garçon fuit rapidement vers les toilettes. Je reporte mon attention sur Finn, qui pince ses lèvres. Je peux voir à quel point l'inquiétude le tenaille, et même s'il le cache, le fait qu'Ian est refusé son soutien en fuyant lui a fait mal. Il capte tout de même mon regard interrogatoire.

- " Je... Je ne peux pas vous répondre. Je n'ai pas le droit, c'est à Ian de décidé d'en parler ou pas. Il a déjà mis énormément de temps à me le dire, je ne peux pas me permettre de vous expliquer quoi que ce soit avant que lui en soit prêt. Je suis désolé.

- T'inquiète pas, on comprend ! " assure Anna, malgré son habituelle curiosité.

J'hésite à lui parler de mon diagnostic. J'ai peur de lui faire encore plus peur, et d'attiser son inquiétude, mais je ne peux pas non plus rester silencieuse sur le trouble de son petit-ami. Je ne sais pas s'il pourra arriver à se guérir seul, et malheureusement, la présence et l'attention des proches ne marchent généralement pas.

- " Finn. "

En entendant mon ton soudain très sérieux, mon frère se tourne vers moi. J'hésite encore un instant, mais me décide finalement.

- " Ian souffre d'un trouble du stress post-traumatique. Si le traumatisme en question ne peut pas nous être partagé, et il ne le doit pas tant qu'Ian n'est pas d'accord, se stresse reste une priorité. Tu dois l'encourager à voir un psy, il ne peut pas gérer ça tout seul...

Un Océan Dans Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant