Chapitre 42

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Finn :

Alors que je m'empresse de ranger mon téléphone, décidé à ne plus regarder la moindre notification que je peux recevoir, je surprends la mine taquine de mon petit-ami, qui semble avoir totalement compris ma situation.

- " Tu vas bien, mon chéri ? Ta mère t'as dit quelque chose en particulier, peut-être ? " demande-t-il sur un ton plus qu'ironique.

Je lui jette un regard noir, mais ma colère est feinte, je ressens une réelle joie en le voyant plaisanter à nouveau. Il faut que je continue à tout faire pour le détendre durant cette soirée, je n'ai vraiment pas envie qu'il soit tendu ou qu'il redoute notre discussion. C'est donc plus serein que je le rejoins dans la cuisine. Je vois qu'il a déjà sortis la machine pour les croque-monsieur, le pain et deux couteaux. Ne sachant pas quoi faire, je le suis jusqu'au réfrigérateur qu'il ouvre en grand. Aussitôt ouvert, il pousse un long soupir en scrutant les étages de haut en bas. Regardant par-dessus son épaule, j'essaie de comprendre d'où vient sa préoccupation. Mes yeux et sa voix me donne la réponse en même temps. 

- " Il va falloir encore une fois faire des courses... La dernière fois que j'en ai fait, c'était il y a moins d'une semaine. 

- Quand ? Jeudi soir ? 

- Non, j'étais chez Anna pour l'exposé. D'ailleurs, où tu en est avec Isaac ? "

Je me tus soudainement, réalisant que je ne lui ai rien raconter à ce sujet, mais que je n'en ai pas vraiment envie. Isaac m'a tellement déçu qu'il est passé d'ami proche à une personne que je ne connais pas. J'espère qu'il a compris que je n'ai plus aucune envie d'avoir la moindre approche avec lui.

- " Ça va, on avance petit à petit chacun de notre côté. Tu veux qu'on aille faire les courses ensemble, demain ? Je l'ai fait rarement dans ma vie, on a Fiona à la maison qui s'occupe du ménage et de plein d'autre tâches, mes parents sont trop occupés pour faire certaines choses, même si c'est toujours ma mère ou mon père qui cuisine les repas. Ou moi, d'ailleurs, mais je l'admets, c'est plus rare...

- Je vois, je la rencontrerais peut-être dimanche, alors.

- Euh... Oui, tu as raison ! Tu verras, elle est adorable, et elle m'a sauvé de pas mal de situation. C'est elle qui m'a beaucoup aidé dans mon enfance quand Laury était dans sa phase, disons... Compliquée.

- Cool ! Pour les courses par contre, il va falloir attendre mercredi.

- Pourquoi ?

- Parce que Pauline me donne un peu d'argent de poche tous les mercredis, elle me fait un virement. Et à chaque début de mois, elle m'en fait un autre plus conséquent qu'on reçoit de l'assistance juridique, depuis la détention de mon père. "

Je hoche la tête, et on note la date de mercredi, après les cours. Je ne peux pas m'empêcher de noter la façon qu'il a de désigner ses parents. Sa mère, par son prénom, mais il semble incapable de prononcer celui de son père. Je suis obligé de fouiller dans ma mémoire pour retrouver le nom qu'il n'a prononcé qu'une fois durant son récit. Nicolas Colin. Chassant ces réflexions inutiles de mon esprit, je me concentre sur le jambon que je coupe et que je pose sur les tartines beurrées. J'ai alors une nouvelle occasion d'observer les talents culinaires d'Ian, qui ne cesse de m'impressionner. Il me missionne pour le nettoyage puis l'assaisonnement de la salade, alors que lui s'affaire pour faire cuire juste comme il faut les croque-monsieur, et ajouter sur la moitié d'entre eux un œuf au plat tout juste prêt. Moi, ayant déjà terminé et me souvenant où sont rangées les assiettes, je mets la table en vitesse. Puis il sert tout le monde, et il a un si bon timing que tout est encore chaud quand il appelle les gamins. Le tout en seulement une demi-heure. Moi-même, je n'en reviens pas, je suis ébahi par l'efficacité de mon petit-ami.

Un Océan Dans Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant