Chapitre 13

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Anna :

Ce matin, le réveil était un peu dur. Je me suis levé trop tard du coup, et je suis en train de courir pour ne pas louper la première heure de cours. C'est un cours d'histoire, et il paraît que le prof est super strict et rigide. Du coup, j'ai aucune envie d'arriver en retard, je ne veux pas être au centre de l'attention encore une fois alors que je suis déjà la nouvelle. J'arrive essoufflée, et je stresse un peu parce que je n'ai pas de montre donc je peux pas savoir quelle heure il est. Mais je me rassure en voyant les quelques élèves qui sont encore dans la cour, et je m'avance prestement pour rentrer dans le bâtiment. Je vois alors Ian sur son vélo débouler en trombe dans le garage. Je souris. Je ne suis apparemment pas la seule à être un peu juste ce matin !

- " Salut Ian ! Ça va ? Ne t'inquiète pas, on est pas encore en retard.

- Salut ! Merci, je stressais un peu. "

Il est rouge d'épuisement, j'en conclu qu'il a vraiment carburé sur le chemin. Il me rejoint rapidement, et son souffle se stabilise au fur et à mesure qu'on traverse les couloirs.

- " On a quoi la déjà ?

- Histoire. Le prof est vraiment parano ?

- Il est... Spécial. Flippant. Je ne l'aime pas.

- Pourquoi ?

- Il cri. "

Puis il se tait, et je n'en rajoute pas plus. Je ne savais pas qu'Ian était sensible aux cris. Je le dévisage en marchant plus vite, on contourne les élèves qui passent devant nous ou sont dans notre chemin.

- " Voilà. Salle 103. "

La porte est entrouverte, et je me rassure en entendant le raffut de mes camarades qui ne sont qu'en train de s'asseoir : le cours n'a pas encore commencé. Ian pousse la porte, il toque légèrement.

- " M. Colin, Mlle. Mauret !!! Vous nous faites l'honneur de votre présence, donc ?! Mais entrez, voyons, ne restez pas planté là ! "

Je retiens un soupir. Effectivement, dès les premières secondes, ce prof est insupportable. J'ai senti devant moi Ian se crisper quand le prof à gueulé, et je l'entraîne par le bras, exerçant une petite pression rassurante sur son poignet, qu'il sache que je le soutiens. Ces muscles se détendent, je le lâche et je vais m'asseoir à une place libre qu'on m'a indiqué. Je suis mon ami du regard, et je le vois s'asseoir à côté d'Isaac. Il a l'air super mal à l'aise, et j'essaie de ne pas non plus le fixer tout en l'observant régulièrement. Ian se triture les doigts, évite le regard insistant de son voisin et je trouve que celui-ci est agaçant. Il le nargue presque, et sa manière de se mordre la lèvre du haut en se marrant m'énerve. Qu'est-ce qu'il veut ? Je sursaute en entendant le prof hurler.

- " Isaac !!! Pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ?

- Bah je ne sais pas moi, m'sieur. Demandez à Colin, c'est lui le spécialiste de Napoléon ! "

Une vague de rire passe dans la classe, et tous les regards se sont tournés vers Ian, qui s'est tassé sur sa chaise. Il fixe ses mains qu'il a posé sur son cahier, les doigts crispés. J'ai envie de lui venir en aide, parce qu'en le voyant aussi mal à l'aise, je me reconnais. J'en veux à Isaac, lui et son ego insupportable.

- " Nous ne sommes pas du tout en train de parler de Napoléon, mais de l'aire urbaine et la périphérie général d'une ville. Donc Isaac, au lieu de faire ton malin, tu sors de mon cours. "

Je n'aurais jamais cru apprécier un jour ce prof.

Ian :

J'aurais voulu remercier le prof de m'épargner cette fin d'heure avec l'autre taré, sauf que le regard qu'Isaac me lance en sortant de la classe me fait frissonner. Je sens que je vais passer un sale quart d'heure. Merde, je flippe maintenant. Je n'écoute plus du tout le cours, parce que ça ne m'intéresse pas, et parce que mon esprit est embrumé par l'appréhension. J'imagine qu'il va m'interpeller, et probablement user de la violence pour se venger. Mais se venger de quoi ? Je ne lui ai rien fait, bon sang. Rien. Je plaque mes mains sur mes cuisses, pour arrêter les tremblements. La sonnerie retentit, je me lève lentement, range mes affaires en ayant l'impression que je suis en train de vivre les dernières minutes de ma vie. L'angoisse me tord le ventre, mais j'essaie quand même de me persuader que je me fais des films et que rien ne va se passer. Et effectivement, personne ne m'attend devant la salle.

Un Océan Dans Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant