Chapitre 33

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Finn :

- " Une bière, un diabolo au sirop de grenadine et deux limonades... Ce sera tout ? "

Ma sœur acquiesce en le remerciant, et le serveur s'apprête à retourner au bar, mais je l'arrête à temps. Je viens de me rappeler la raison de ma venue dans ce restaurant, et je ne veux pas perdre cette occasion.

- " Excusez-moi ! Est-ce que Phil est là ?

- Phil ? Ah, m'sieur Bonnat. Vous connaissez le patron ?

- Oui, je suis une vieille connaissance.

- Il est en cuisine, je vous le ramène. Même si vu votre jeune âge, je doute que vous soyez une "vieille" connaissance. "

Et il ponctue sa phrase d'un clin d'œil. Je lui souris en réponse, puis le suis du regard quand il repart vers le bar. Je n'ai même pas le temps de me retourner que déjà, Laurie m'assène de questions.

- " Phil ? Qu'est-ce qu'il fout là ? Il ne devait pas être à la retraite ? Comment tu sais qu'il bosse ici ?

- C'est qui Phil ? " demandent en chœur Anna et Ian en coupant la parole à Laury.

Depuis que j'ai pris l'initiative de ce repas, je savais qu'il allait falloir leur expliquer clairement à qui on avait affaire. Mais maintenant, devant leurs mines interrogatives, je bredouille et cherche mes mots. A croire que mon cerveau a oublié le thème principal de mes pensées depuis deux jours !

- " Euh... Il est... Un peu comme un grand-père, enfin je veux dire... "

Agacée par mes hésitations, Laury prend le relais sans ménagement.

- " Mon imbécile de frère dit n'importe quoi. Phil est un homme que l'on a rencontré quand on était plus jeune, vers 10 et 8 ans. C'est un vieux garçon sans enfant, et nous on le croisait tous les jours se baladant dans le parc. Au début, maman ne voulait pas qu'on l'approche, il avait la réputation d'être fou. Mais un jour, l'idiot ici présent a failli se faire écraser parce qu'il a pensé que courir sur la route était une merveilleuse idée. "

Je lève les yeux au ciel, et repère le sourire amusé d'Ian. Laurie ne s'arrête pas, ignorant totalement mon air blasé.

- " Phil l'a rattrapé de justesse, à dix centimètres près il passait sous la voiture. Maman a eu la peur de sa vie et... bon, disons que j'étais très, très déçue à l'idée de perdre mon esclave. En tout cas...

- N'importe quoi ! je la coupe, attrapant la perche qu'elle m'a inconsciemment tendue. Alors ta conception de la déception est vraiment bizarre.

- Comment ça ?

- Excuse-moi mais je n'ai jamais vu quelqu'un pleurer sans s'arrêter pendant des heures après avoir été déçu.

- Que... Tais-toi, je n'ai...

- Si ! T'as pleuré comme jamais, encore plus que la fois où ton poisson rouge préféré est mort ! Et pendant des jours, t'arrêtais pas de me suivre partout et de me couver tellement t'avais peur que...

- Chuuuuuuuuuut ! T'étais pas censé avoir oublié ?

- Figure-toi que mes souvenirs sont revenus comme par miracle. "

Elle pousse un soupir exaspéré, les joues légèrement rouges de gène. Je ris diaboliquement, triomphant d'avoir eu le dernier mot dans cette guerre verbale permanente. Je surprends le regard amusé qu'échangent Anna et Ian, alors je m'arrête immédiatement, prenant conscience de la position enfantine dans laquelle je me place.

Un Océan Dans Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant