Perle de l'Atlantique

8. Qu'est-ce qu'une sirène peut bien faire là ? (1/4)

Le docteur Bellot, prothésiste depuis seulement six ans, est une pointure dans son domaine. C'est Lucille qui avait fait des pieds et des mains pour qu'il prenne en charge sa sœur. 

Dans les méandres visqueuses de sa dépression, Jade n'a jamais complété le protocole. Mais comme son corps a été réceptif à toute la kinésithérapie, il lui avait expliqué qu'elle pourrait avoir des prothèses et que cela changerait sa vie, le jour où elle serait prête.

Alors quand elle l'a contacté, il a cru qu'elle voulait sauter le pas.

‒ Je n'aurais pas les moyens. C'est d'un autre genre de prothèse que j'ai besoin !

Autant dire que Jade a dû faire des mains et des mains pour le convaincre de se rapprocher du kiné de Goran. Le docteur Bellot a concédé sa requête lorsque Jade a sous-entendu qu'elle en viendrait sûrement aux prothèses de jambes, et qu'elle a rappelé que son activité lui permettait d'approfondir la souplesse des muscles et de préserver sa santé mentale. Il s'en était même réjoui.

‒ Je ne peux vous promettre que ce sera rapide, mais je ferai de mon mieux.

Jade repense beaucoup à son année au centre de rééducation des grands blessés. Piégée dans sa nébuleuse obscure, elle n'a jamais pris l'importance du rôle de ceux qui la suivaient. 

‒ Merci, docteur Bellot. Pour tout ce que vous avez fait jusqu'à maintenant.

Elle repense aux différents kinés qui l'ont également suivie, encore plus que monsieur Bellot. Lucille a eu tant raison de leur déposer cette corbeille de chocolats à son départ.

Cette corbeille d'attentions qui voulait dire : Merci, merci ! Sans vous, j'aurais coulé plus profond que ma petite sœur !