Perle de l'Atlantique

15. Les âmes sont... (4/4)

‒ Si tu savais le nombre d'appels que je reçois par heure. C'est démentiel !

Goran range son smartphone dans sa pochette étanche, alors qu'il vient d'installer Jade sur son fauteuil, à l'issue de leur dernier entraînement.

‒ Tu n'y réponds pas ?

‒ Va falloir que je me pose. Ils sont trop nombreux. Tu restes ma priorité, pour le moment, championne ! 

A l'issue de la seconde épreuve, les cinq finalistes ont été désignés. Jade va concourir pour l'épreuve finale, un spectacle en solo qui doit rendre encore compte de ses capacités.

‒ Mais d'ailleurs, c'est tout ce qui t'intéresse ? Si je vais y répondre ou non ?  Ça te fait quoi, de savoir que tu pourrais remporter le concours et que tu bouscules les sponsors et les médias ?

‒ Je suis vraiment heureuse. Mais... un peu flippée aussi. Non, attends, laisse-moi finir ! Je sais tu vas dire que je mérite ma place, et tout et tout. N'empêche que j'ai encore l'impression d'être dans un rêve, et je n'ai jamais eu l'habitude d'être autant regardée, jugée ou scrutée.

‒ Je comprends. Tu es humaine, après tout.

‒ Tu en doutais ?

‒ Parfois, j'ai l'impression que tu n'es pas de notre espèce. Tu es tellement à part.

Ils s'avancent sur le chemin du retour, Jade se laisse pousser. Elle a les bras lourds de ses exercices.

‒ Et, dans le bon sens ?

‒ Oui, dans le bon sens. A supposer qu'il y en ai un. 

Ils restent silencieux quelques secondes.

‒ J'aimerais bien que l'on passe la soirée ensemble. J'ai repéré un restaurant sympa, en face du port de plaisance.

‒ Oui, d'accord.

‒ Je te laisse le temps de te préparer. On se retrouve dans le hall de l'hôtel à 19:00 ?

Jade acquiesce.

‒ Ça va me faire du bien. Il faut que j'évacue la pression pour demain.

Deux heures plus tard, lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvre, Jade aperçoit Goran dans l'un des canapés. Coudes posés sur les cuisses, il consulte son téléphone portable, sans se rendre compte de la présence de sa jeune protégée.

‒ Je suis prête.

Goran lève les yeux, et range son téléphone en lui souriant.

‒ Ça te va bien, les cheveux relevés comme ça, lui dit-il en l'accompagnant jusqu'au taxi.

‒ Ça te va bien, les cheveux coiffés, ironise-t-elle.

‒ Tu remarqueras que je l'ai fait exprès pour toi ! souligne-t-il avec emphase.

Les cheveux de Goran sont sauvages comme le vent, ondulés comme les vagues. Il ne les coiffe jamais. Mais Jade trouve que c'est mignon, ça lui donne un air plus sérieux.

Remisée à l'arrière du taxi, Jade ne peut pas parler à Goran pendant le trajet. Il lui balance un :

‒ Ça va derrière ?

Question à laquelle elle sourit parce qu'il s'enquiert toujours de savoir comment elle va. Et ça lui donne toujours autant de force de savoir qu'elle compte pour lui.

La partie portuaire avec ses restaurants sent la liberté et l'aventure. De la terrasse disposée sur un ponton de bois, Jade et Goran aperçoivent les bateaux de pêche et de tourisme, dont certains sortent de la baie. Le soleil éclate ses rayons dans les verres qui leur font face. Le serveur débarrasse les assiettes des desserts disparus.