CHAPITRE 4

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Samedi
5 novembre

    Je pose les ingrédients sur la table de la salle à manger fraîchement installée de la veille. Ayant enfin un peu de temps libre, j'ai prévu de cuisiner un gâteau pour les offrir à mes voisins de palier les plus proches. C'est l'occasion de me présenter et de faire connaissance avec eux. Je prépare donc un gâteau au chocolat. Je ne sais rien de mes voisins à part qu'il y'a une petite fille dans l'appartement de droite. Et tous les enfants aiment le chocolat! Enfin, j'espère...

    Je profite que le mélange cuit dans le four pour appeler mes parents. Comme d'habitude, ils s'inquiètent pour tout. Le fait que leur petite fille soit si loin d'eux ne les rassurent toujours pas. Ils sont devenus très protecteurs depuis mon adolescence, mais je ne peux pas leur en vouloir, au contraire.

    Ils m'expliquent que les réservations s'enchaînent, ce qui est une très bonne nouvelle. Mes parents tiennent une petite auberge au pied des pistes de skis en Haute-Savoie. Un vrai paysage de carte postale, quelque soit la saison.

    De mon côté, je ne m'attarde pas sur les détails de mon nouvel emploi. Inquiéter mes parents est la dernière chose que je souhaite. J'explique donc très brièvement comment ça se passe, l'ambiance avec les collègues, la charge de travail et d'autres détails. Tout ça sans jamais faire allusion, ne serait-ce qu'une seule fois à mon patron -ce que je trouve remarquable vue le nombre de choses peu flatteuses que j'aimerais exprimer à son sujet.

    Je finis par mettre fin à l'appel lorsque le four sonne. Je démoule le gâteau, le coupe en deux et mets les deux moitiés dans deux assiettes différentes. J'en prends une avec moi et sors dans le couloir de l'immeuble pour aller frapper à la porte de gauche. J'attends quelques secondes, jusqu'à ce qu'une vieille dame aux cheveux blancs vienne m'ouvrir.

— Qui est-ce?

— Bonjour Madame! Je suis Joyce, votre nouvelle voisine.

— Oh! Alors c'est vous! On se demandait qui était arrivé. Je vous en prie, entrez! s'exclame-t-elle gaiement en m'indiquant l'intérieur du bout de sa canne.

— Je ne voudrais pas vous déranger. J'apportais juste un gâteau pour vous.

— Mais vous ne nous dérangez pas voyons! Ce n'est pas souvent qu'on a de la visite. Ça nous fait plaisir, dit-elle avec un grand sourire.

— Bon! Alors d'accord!

    La petite dame me fait traverser un long couloir tapissé menant à un séjour aux murs jaunes pastels. Sur place, un homme est assis dans un fauteuil en cuir, des lunettes sur le bout du nez et un journal dans les mains.

— René! René!

— Hein! Quoi? demande ce dernier en sursautant.

— Y'a la nouvelle voisine!

— Ta vieille cousine? Laquelle? Elles sont toutes vieilles Josette.

— Non! La nouvelle voi-si-ne! C'est pas possible, il ne comprend rien!

    Je ris silencieusement face à cet échange. Je sens que je ne vais pas m'ennuyer avec des voisins pareils.

— Vous voulez boire quelque chose? m'interroge Josette. J'ai fait du café.

— Je veux bien, merci.

    Elle sort alors trois tasses de café sur la table ronde de la cuisine où nous nous installons.

— Alors? Qu'est-ce qui vous amène dans le coin? me demande René.

— Je viens d'être embauchée chez une grande maison d'édition en tant que responsable marketing.

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