CHAPITRE 23

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Le prénom de sa fille le fait réagir et, aussitôt, il se met à courir comme s'il avait le diable à ses trousses.

— Eh! Attendez-moi! Qu'est-ce qu'il se passe? m'écrié-je en tentant de le rattraper alors qu'il sort du parking pour s'engager dans la rue.

Il ne me répond pas, complètement déconnecté de ce qui l'entoure.

De mon coté, je cours tant bien que mal derrière lui.

Mais c'est qu'il court vite!

À plusieurs mètres derrière lui, je le suis jusqu'à ce qu'il s'engouffre vers l'entrée du métro.

Ça va être l'heure de pointe.

Et je ne me trompe pas. Le quai est bondé. Il est presque impossible de se frayer un chemin parmi les voyageurs. C'est à peine si nous pouvons mettre un pied devant l'autre.

    Mais ça n'arrête pas Dugas qui bouscule tout ceux qui se trouvent sur son passage. Je me faufile dans la brèche qu'il crée derrière lui pour ne pas le perdre de vue, tout en m'excusant auprès de ceux que je double.

Nous avons tout juste le temps de passer les portes du wagon avant que celles-ci ne se referment sur nous. À l'intérieur, il y'a à peine la place de bouger une jambe, mais pour une fois ça ne me gêne pas. Ce qui m'importe est de comprendre ce qu'il se passe.

Prise en sandwich entre la porte et le torse de Monsieur Dugas, je demande à bout de souffle à ce dernier:

— Vous allez me dire ce qu'il se passe oui ou non?

Encore une fois, il ne répond pas. Le regard dans le vide, il parait totalement ailleurs.

— Monsieur Dugas! Monsieur! répète-je plusieurs fois.

Voulant le faire réagir, je plaque mes mains de chaque côté de son visage et le force à me regarder, ce qu'il finit par faire de force. Je perçois aussitôt la terreur dans ses yeux.

— Dites-moi ce qu'il se passe!

Il ouvre la bouche pour répondre mais aucun son ne sort. Il avale sa salive et réessaie, avec plus de succès.

— C'est Alice.

    C'est à peine si je l'entends prononcer ces mots.

— Qu'est-ce qu'elle a?

— Elle...elle va mourrir, dit-il d'une voix tremblante en posant son regard sur le sol.

Je reste figée un moment, avec l'impression que mon sang a quitté mon corps. Je crois au début avoir mal compris ses paroles, mais la détresse qu'il dégage me fait comprendre que tout ça est bien réel.

Le grand Nicolas Dugas, l'homme fort et impressionnant, paraît soudain désespéré et fragile.

— Qu'est-ce qui vous fait dire ça?

— Britney va la tuer, affirme-t-il.

— Qui est Britney?

— Ma femme.

Je reçois comme un coup en pleine face. Ou plutôt, en pleine poitrine. Je n'avais jamais imaginé qu'il était marié. Il ne porte même pas d'alliance. Comment a-t-il pu cacher un détail aussi important?

    D'un autre côté, je n'ai aucune raison d'être affectée par cette information.

— C'est la mère d'Alice?

— Oui, confirme-t-il d'une voix faible.

— Pourquoi ferait-elle une chose pareille?

C'est complètement insensé de vouloir tuer son propre enfant!

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