— Bonne nuit ma chérie! Fais de beaux rêves.— Bonne nuit papa, me murmure Alice en retour, épuisée.
Je ferme la porte de sa chambre avant d'entrer dans celle que je partage avec Joyce pour m'affaler sur le lit.
Lorsque Nathalie m'a dit qu'elle me chouchouterai, je ne m'attendais pas à ça. Elle m'a à moitié forcé à manger. Les plus grosses parts étaient pour moi. Quant au dessert, j'ai bien cru qu'il ne passerai jamais.
Cependant, je ne me plains pas, au contraire. Toutes ces petites marques d'attention me font chaud au cœur. Je n'ai pas l'habitude qu'on se soucie de moi comme ça. Je dois dire que c'est plutôt agréable. Après trente ans d'existence, je ne découvre que maintenant ce qu'est une famille unie. J'espère voir grandir Alice dans un environnement comme celui-ci un jour. C'est la meilleure chose que je pourrais lui offrir.
C'était le tout premier repas de famille auquel j'assistais. L'expérience était un peu troublante. C'est comme si j'étais constamment entouré d'une chaleur douce et bienveillante. Quant à la conversation, elle était légère et beaucoup plus divertissante que lors de ces repas à rallonges avec des fournisseurs ou autres. Je ne connais que très peu Tom et les parents de Joyce et pourtant, je me suis sentie bien avec eux.
Est-ce cela la chaleur d'un foyer? L'amour d'une famille?
Si c'est le cas, je donnerai cher pour en avoir une part.
Plongé dans mes réflexions j'entends la porte de la salle de bain couiner. La seconde suivante, Joyce apparaît dans une petite nuisette que je n'ai encore jamais eu le plaisir de voir auparavant. Je tends aussitôt le bras pour l'inviter à me rejoindre, ce qu'elle fait. Elle laisse échapper un long soupir d'aise en se blottissant contre moi.
— Je suis vraiment désolée pour leur comportement. Je ne savais plus où me mettre quand ma mère t'a demandé combien d'enfants tu voudrais.
— Ne t'inquiète pas, ça ne m'a pas dérangé.
À vrai dire, ça m'a plus fait rire qu'autre chose. Joyce m'avait prévenu que sa mère était sans filtre, mais je dois dire qu'elle dépasse toutes mes espérances. Et j'aurai volontiers répondu à sa question si Joyce ne lui avait pas supplié d'arrêter ses « questions gênantes ».
— Oui mais quand même. Elle pourrait se retenir un minimum.
— Tu devrais en profiter! Tout le monde n'a pas la chance d'avoir une famille comme la tienne, réponds-je plus sèchement que je ne le voulais.
Je vois la surprise sur le visage de Joyce. Je le suis tout autant.
Qu'est-ce qui m'arrive?
Joyce se redresse sur un coude.
— Nicolas? Ça va?
— Pourquoi ça n'irait pas?
Peu convaincu par mon ton soudain jovial, elle s'approche un peu plus et me caresse la joue.
— Qu'est-ce qui ne va pas?
Je me pose la même question. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi? J'ai passé un super moment. Alors pourquoi suis-je si frustré face à ses paroles?
— Nicolas?
Non.
Je sais très bien ce qui ne va pas.
— Je crois que...je t'envie. Je suis un peu jaloux de toi.
— De moi? répète-t-elle, dans l'incompréhension.
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My Red
RomanceÀ vingt-six ans, Joyce décide de déménager à Paris afin de vivre de sa passion pour les livres. Mais lorsqu'elle arrive à la maison d'édition Dugas dans laquelle elle est censée travailler, Joyce reçoit un accueil glacial de la part du chef éditoria...