CHAPITRE 20

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8 ans plus tôt

    C'est avec le sourire aux lèvres que j'arrive au lycée ce matin. Ce qui est rare pour un lundi. Il n'y a qu'une seule raison pour expliquer cette joie immense en moi. Une raison qui porte un nom.

    Lucas!

    Ces cinq lettres tournent en boucle dans mon esprit, tel un manège incessant qui, à chaque nouveau tour, illumine un peu plus cette journée.

   Cela fait maintenant un peu plus d'un mois que nous sortons ensemble et je ne me souviens pas avoir déjà ressenti un tel bonheur. Lucas est attentionné, beau drôle...parfait! Je ne pourrai jamais trouver mieux.

    Je l'aime!

    Arrivée devant la vie scolaire, je bifurque à droite. Je sais que lui et ses amis s'installent souvent sous le préau d'à côté.

    Des rires familiers parviennent jusqu'à moi, ce qui me rassure dans mon intuition.

    Il est là!

    Est-il aussi pressé que moi de me retrouver? pensé-je en souriant.

     Après tout, on ne s'est pas vu depuis hier matin, lorsqu'il est rentré chez lui, laissant un immense vide dans ma chambre.

    Il ne me reste plus que quelques pas à faire pour les rejoindre lorsque j'entends le sujet de leur conversation.

— T'es pas sérieux? T'as vraiment baisé Bouboule?

— Ouais! Je suis allé chez elle ce week-end.

    Je m'arrête brusquement pendant que plusieurs garçons éclatent de rire.

    Cette voix.

    Je la reconnaîtrai entre mille. Je l'entends tous les jours au lycée, dans mes rêves et ce week-end, dans ma chambre...

— Putain mec! Je pensais pas que tu le ferais vraiment.

— Tu sais bien que je ne refuse jamais un pari! Allez! Donnez-moi mon fric.

    Je plaque mes mains sur ma bouche pour étouffer un sanglot. 

    Bouboule? Un pari? C'est quoi cette histoire?

— T'as réussi à bander au moins?

— Non. J'ai dû fermer les yeux pour y arriver. J'ai failli vomir!

Il ponctue sa phrase en mimant le bruit d'un vomissement.

   De nouveaux éclats de rires explosent bruyamment pendant que des larmes coulent en silence le long de mes joues. Mes jambes me supportent à peine. Je tremble de partout.

    Comment ai-je pu me faire des idées pareilles? Moi qui me voyais déjà passer les années à ses côtés, à offrir le meilleur de moi-même pour le rendre heureux.

    Je fais demi tour et passe à travers la foule d'élèves pour revenir au portail. J'arrive dans la rue et, n'y tenant plus, je m'autorise enfin à m'écrouler par terre.

    Je croyais qu'il m'aimait! Qu'il était sincère! Et je lui avais fait confiance au point de lui offrir ma virginité, alors que ce n'était qu'un jeu pour lui.

    Un défi! Baiser Bouboule! Mais comment ai-je fais pour être aussi stupide? À quoi m'attendais-je en sortant avec l'un des mecs les plus populaires du lycée? Je ne suis que...Bouboule! La grosse du lycée. Mais j'espérais tout de même qu'il s'intéressait à moi pour ce que je suis vraiment. Pour ma personnalité et non mon physique.   

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