CHAPITRE 41

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Plongée dans l'obscurité, j'entrouvre les yeux. Quelque chose a dû me sortir de mon sommeil.

Seul le rail de lumière sous la porte menante au couloir m'aide à percevoir Alice, toujours blottie contre moi. Elle n'a pas bougé d'un millimètre et dort profondément.

    Elle est adorable!

Mais je ne m'attarde que très brièvement sur la petite. Ce n'est pas elle qui m'a réveillé.

Mes yeux se posent sur l'homme assis près du lit. Nicolas avait apparemment profité de mon sommeil pour saisir mon bras tendu sous le corps d'Alice.

J'observe ses gestes avec attention. Du bout des doigts, il trace délicatement des petits cercles dans le creux de ma paume. La scène est presque hypnotisante.

Ce geste si simple qui, habituellement ralentit mon cœur, ne fait aujourd'hui que l'accélérer.

    Heureusement que je ne suis pas reliée à un cardiogramme sinon, je risquerais de réveiller tout l'hôpital.

Nicolas avait-il remarqué ce détail? Ce réflexe quand je me sens stressée? Il avait déjà usé de ce geste le jour de mon agression, juste après m'avoir installé dans l'ascenseur. Sur le moment, j'avais pensé à une simple coïncidence mais à présent, je commence à me demander s'il ne m'espionne pas. Après tout, je n'utilise pas cette technique de relaxation tous les jours non plus...si?

    Je ne m'en rends peut-être pas compte?

Les yeux à moitié clos, il forme un dernier cercle avant de porter ma main à sa bouche pour y déposer ses lèvres. Au même moment, sa barbe chatouille ma paume et me fait plier les doigts par réflexe.

Nicolas le remarque et lève la tête vers moi, surpris.

— Vous ne dormez pas? chuchote-t-il.

— Vous non plus.

Il reporte son attention sur ma main et murmure:

— Je ne peux pas.

— Comment ça?

    Le fauteuil n'est peut-être pas assez confortable?

    C'est vrai que le coussin n'a pas l'air très épais.

— Je...j'ai peur de me réveiller dans un monde où vous n'êtes plus là. Un monde où Britney à réussi ce qu'elle voulait.

J'ai l'impression que mon cœur se brise en mille morceaux lorsqu'il prononce ces paroles. Nicolas paraît si fragile et horriblement seul, que ça en est douloureux. Toute sa détresse se lit sur son visage. Le pauvre a failli perdre sa deuxième fille. Qui pourrait supporter une telle chose deux fois de suite?

J'attrape sa main et la serre dans la mienne pour le rassurer du mieux que je le peux.

— Je suis là! Et Alice aussi! Nous ne partirons pas!

Nicolas lève la tête vers moi et affiche un faible sourire.

— Vous me le promettez?

— Je vous le promets!

    Son sourire s'élargit légèrement, mais assez pour faire apparaître une petite fossette. Il a l'air rassuré et plus serein.

    Il entremêle nos doigts et embrasse le dos de ma main avant de la poser près de son visage. Sa douceur est touchante.

    Dire que lorsque je l'ai rencontré, je le prenais pour un brut sans cœur...

    Cet homme a assez souffert comme ça. Il mérite de vivre heureux, sans craindre constamment pour la vie de sa fille.

— Ne me lâchez pas Joyce! murmure-t-il d'une voix presque suppliante.

— Je vous le promets, répète-je.

La tête installée sur le bord du lit et sa main toujours dans la mienne, Nicolas finit par s'endormir, plus serein.

Je compte bien tenir ma promesse. Je ne le lâcherais pas! J'aime cet homme! Partir loin de lui est bien la dernière chose que je souhaite.

    Je veux participer à son bonheur!

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