Samedi
19 novembreAssise en tailleur par terre, je branche les différents fils de la box. Josette et René ont fait appel à moi pour les aider à installer internet chez eux. Ils aimeraient pouvoir communiquer plus facilement avec leurs enfants éparpillés dans le monde entier grâce aux appels vidéos.
Je n'avais pas vraiment prévu de débuter mon week-end de cette façon mais bon, si ça peut leurs faire plaisir.
J'ai tenté de leur faire comprendre que je n'y connaissais pas grand chose et que ce n'étais pas mon domaine, mais ils m'ont répondu que les jeunes savaient toujours gérer ces choses là. Eh bien, il faut croire qu'à l'âge de vingt-six ans, je ne fais plus partie de la jeune génération puisque je viens d'accumuler trois échecs de connexion, ce qui commence sérieusement à m'agacer. J'ai beau suivre la notice à la lettre, ça ne veut pas fonctionner.
— On a qu'à demander à Nicolas? propose René.
Je me tourne aussitôt vers lui.
— Je vais y arriver toute seule! affirmé-je en branchant un nouveau câble.
Il est hors de question de le laisser réussir là où j'ai échoué! Il en va de mon honneur. Cela lui offrirait une raison supplémentaire de se sentir supérieur à moi. Et je trouve qu'il en a déjà bien assez comme ça!
— Je vais quand même aller le voir, on ne sait jamais.
— Pas besoin! Je sens que je vais bientôt y arriver.
— Tu nous as déjà dit ça il y'a presqu'une heure, me fait remarquer Josette.
C'est fort possible. Mais est-ce trop demander de me laisser passer un week-end entier sans voir sa sale tête? Sans voir son regard dédaigneux? Sans entendre de remarques blessantes? Sans se sentir jugée à chaque faits et gestes effectués? Sans subir son sale caractère?
Malgré ma demande, René part vers le couloir.
Je sais qu'ils pensent bien faire en allant me chercher de l'aide. Après tout, ils ne savent pas que Monsieur Dugas et moi travaillons ensemble. Comment pourrais-je le leur annoncer après avoir affirmé lors de notre première rencontre que c'était un vrai connard?
Sympa l'ambiance entre voisins après ça...!
Quelques minutes plus tard j'entends deux voix masculines s'approcher dans mon dos.
— Bonjour Josette. Comment allez-vous?
J'hausse les sourcils et lève les yeux au ciel, incapable de rester inexpressive face à cette soudaine politesse.
— Très bien! Merci à toi de venir nous aider.
Un silence s'installe pendant lequel je donne tout pour réussir ma mission avant qu'il n'y prenne part.
— Bonjour Mademoiselle Muller.
Toujours dos à lui, je lui réponds par un « Bonjour » sec qui ne cache nullement mon hostilité envers lui. Je n'ai toujours pas digéré son manque de respect envers moi. Je regrette même amèrement de m'être excusée pour ce que je lui avais dit. C'est lui qui a des choses à se reprocher, pas moi!
Du coin de l'œil, je le vois s'installer par terre à mes côtés. Je fais mine de ne pas l'avoir remarqué et continue les tests, jusqu'à ce qu'il place sa main devant moi.
— Je peux voir?
Est-ce que j'ai vraiment le choix maintenant qu'il est là?
Dans un soupir, je lui cède la machine sans aucune douceur et sans jamais prêter attention à lui.
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My Red
Roman d'amourÀ vingt-six ans, Joyce décide de déménager à Paris afin de vivre de sa passion pour les livres. Mais lorsqu'elle arrive à la maison d'édition Dugas dans laquelle elle est censée travailler, Joyce reçoit un accueil glacial de la part du chef éditoria...