CHAPITRE 14

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Mercredi
23 novembre

    À peine sortie du métro, je prends une bonne bouffée d'air frais. Décidément, je ne m'habituerai jamais à cette odeur. Le matin ça va encore vue que les gens sont encore frais, mais le soir c'est une vraie infection. On est loin de l'air pur de la montagne.

    Comme d'habitude, je marche sur le trottoir éclairé par quelques lampadaires pendant un bon quart d'heure. Puis, je monte les deux étages de l'immeuble et passe devant la porte de mon charmant voisin qui sort presque au même moment, ce qui me fait sursauter.

— Je vous attendais! affirme-t-il en me rejoignant devant ma porte.

    À croire qu'il m'espionne!

    Je baisse les yeux et remarque le tas de feuilles dans sa main droite. Je comprends que ce qui va suivre risque de ne pas me plaire.

— Je suppose que c'est à propos de mon roman?

— C'est exact, me répond-t-il, le visage fermé.

    Je déglutis, de plus en plus inquiète. Son expression ne me rassure pas du tout.

— Serait-il possible d'en parler maintenant?

— Ou...oui. Je vous en prie, l'invité-je, déjà mal à l'aise.

    J'ouvre la porte. Mon patron passe devant moi en silence et profite du fait que j'enlève mon manteau et dépose mes affaires à l'entrée pour scruter mon appart.

    Heureusement que j'ai fait un peu de rangement hier.

— Un café? proposé-je, plus pour moi que pour lui.

    Cela m'aidera peut-être à subir le choc, même si mon patron a l'air d'en avoir autant besoin que moi. Des cernes creusent la peau sous ses yeux. Il semble exténué.

— Je veux bien, merci.

    Je remplis deux tasses et ajoute un nuage de lait dans la mienne.

— Pourquoi cette fin? lance-t-il soudainement.

    Je lève la tête vers lui, surprise par la question.

— Que voulez-vous dire?

— C'est censé être une romance historique. Pas tragique. Pourquoi avoir fait une fin aussi dramatique?

Je n'ai pas besoin de prendre le temps de réfléchir à la question.

— Eh bien, je suppose que c'est parce que la plupart des romances finissent mal.

    Il n'y a qu'à voir ma première... et dernière en date.

    Face à moi, je vois Monsieur Dugas froncer des sourcils.

— De quelle expérience vous basez-vous pour affirmer une chose pareille? m'interroge-t-il en posant ses mains à plat sur l'îlot centrale de ma cuisine.

Son ton est très sérieux lorsqu'il prononce ces mots.

— Celle d'une connaissance, mente-je.

    Je ne vais tout de même pas me mettre à lui déballer ma vie.

— Et cette connaissance est-elle toujours en vie?

— Euh...oui...

Elle est devant vous.

    Je ne vois pas trop le rapport mais bon...

— Alors rien ne l'empêche d'avoir une fin heureuse, rétorque-t-il avec un calme que je ne lui connaissais pas.

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