CHAPITRE 19

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Mardi
29 novembre

    La dispute de la veille m'a tellement travaillé que je n'en ai presque pas dormi de la nuit. Résultat, j'ai éteins mon réveil avant de me rendormir et me retrouve maintenant à courir pour ne pas louper le prochain métro.

    Trop tard.

    Mais je prends celui d'après et arrive juste à temps avant que les portes ne se referment devant moi.

    Arrivée à la maison d'édition, je traverse le hall d'entrée à toute vitesse et emprunte, comme toujours, l'escalier. Cela me rappelle un peu mon premier jour, lorsque je suis arrivée en retard.

    Un coup de ventoline et c'est parti pour la journée!

    Je n'ai pas le temps de m'assoir que Céline m'interpelle.

— Il faut que tu aille chercher ton t-shirt pour le festival littéraire avant qu'ils les remettent en réserve.

— C'est où?

— Dans la salle de réunion.

— Ok merci!

    Je m'engage aussitôt dans le long couloir qui mène à la salle de réunion. Je m'apprête à entrer lorsque je vois à travers les vitres que Dugas est à l'intérieur, debout avec quatre cartons devant lui.

    J'appréhende le fait de devoir lui parler. Il n'a sûrement pas digéré ce que j'ai fait hier, et je comprendrai très bien sa réaction.

    Se faire passer pour la mère d'Alice. Sérieusement? Qu'est-ce qui m'a pris de faire une chose pareille?

    Certes, cela partait d'une bonne intention, mais c'était complètement stupide de ma part. Je n'avais pas pensé aux retombées négatives.

    De l'autre côté de la vitre, je vois Dugas pivoter et croiser mon regard.

    Super! Maintenant je ne peux plus faire demi tour.

    Je souffle un bon coup et me décide enfin à abaisser la poignée.

— Vous êtes en retard!

— Désolée...

    Je voudrais me faire toute petite. Vu son ton, il est clair qu'il m'en veux toujours.

    J'espère m'en aller le plus vite possible. Je m'approche donc des cartons, m'attendant à voir des tonnes de t-shirt, mais deux d'entre eux sont déjà vides.

— C'est tout ce qu'il reste?

— Oui.

— Ah...

    Je suis censée faire comment moi?

***

    Lorsqu'elle entre dans la pièce, je remarque tout de suite qu'elle est mal à l'aise. Son visage est crispé et son corps tendu. Elle s'approche des cartons tout en gardant ses distances, ce qui est sûrement mieux pour tout le monde.

    Hier, j'ai faillis céder. Céder à ce désir qui s'empare sans cesse de moi chaque fois que je la vois ou pense à elle. J'ai faillis l'embrasser. J'ai faillis la prendre contre ce mur.

    Mais je n'ai fais que faillir. Et c'est mieux ainsi.

    Elle avait tourner la tête au moment où je m'étais avancé un peu plus pour m'emparer de ses lèvres. Il n'y avait pas plus clair. Ce désir que je ressens n'est pas réciproque.

    Cela n'aurait pas dû me surprendre. La minute précédente, je lui criais dessus.

    Lorsque, la veille,  j'avais vu Alice sortir de l'école en courant vers moi, elle paraissait aux anges. Et quand elle m'a expliquer pourquoi, ça avait été plus fort que moi.

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